Braconnage politique
Les partis poussent comme des champignons à l’orée d’échéances appétissantes. Les élections locales frappent à notre porte et de nouveaux prétendants aux postes gratifiants sans effort se bousculent au portillon pour glaner quelques miettes de la prébende pétrolière, servie sous forme d’indemnités diverses pour un travail qu’ils seront, de toute façon, incapables d’exécuter. Ce braconnage politique se fait au détriment d’une gestion réelle et durable de la cité, et contribue à la détérioration constante du cadre de vie des Algériens. Cet engouement aux fonctions facilement rémunératrices est, en réalité, une forme de pillage toléré, encouragé, voire organisé par le système politique actuel que le statu quo semble arranger. Sinon, il serait difficile d’expliquer comment les plus hautes autorités du pays constatent, chaque jour que Dieu fait, l’état de délabrement de nos villes et l’incapacité de l’administration locale à garantir le minimum syndical de services aux administrés, sans que cela donne lieu à une remise en cause profonde. Le président de la République n’a-t-il pas, lui-même, maudit les élus locaux pour leur ahurissante incompétence, en direct à la télévision, lors de l’inauguration d’une cité universitaire à Sétif ? Pourtant, à y voir de plus près, le «maire suprême» use d’un double langage, puisqu’il n’en continue pas moins à patronner la construction de cités dortoirs, source de graves troubles à la sécurité nationale dans les années à venir, de l’avis de tous les spécialistes de l’urbanisme, à l’exception, bien sûr, de ceux qui conseillent les responsables actuels. Pourquoi devrait-on continuer de nous inspirer de modèles électoraux importés d’Europe ? Pourquoi devrait-on continuer à confier nos communes à des profanes en gestion, pour peu que les règles politiques permettent à ces élus animés par un esprit rentier d’empoisonner la vie à des millions de citoyens par leur inaptitude à honorer un mandat pour lequel ils auront été incorrectement élus ? N’est-il pas temps de retirer cette mission à ces incapables et la confier à des professionnels désignés uniquement sur la base de leur savoir-faire ? A quoi bon élire des incultes lorsque la démocratie ainsi envisagée conduit le pays à sa perte ?
M. Aït Amara
Comment (2)
Les commentaires sont fermés.