Les journalistes tunisiens s’insurgent contre les islamistes au pouvoir
Plusieurs dizaines de journalistes tunisiens ont manifesté aujourd’hui à Tunis pour dénoncer l’atteinte à la liberté de la presse et d’expression. Ces journalistes accablent le gouvernement dominé par les islamistes d’Ennahda, qui tentent à petits coups de mettre au pas la presse tunisienne. «Ennahda veut placer les médias sous son aile», «Pour une presse libre !», «Touche pas aux médias publics !», peut-on lire sur des pancartes arborées par les manifestants. Le rassemblement a été tenu suite à un appel lancé par des journalistes des quotidiens arabophone Essabah et francophone Le Temps qui font partie d’un groupe de presse privé repris par l’Etat tunisien au lendemain de la «Révolution du jasmin» en 2011. La protestation s’est déroulée devant le siège du gouvernement, où les manifestants ont scandé des slogans contre le parti islamiste Ennahda. A l’origine de cette manifestation, la nomination à la tête de ce groupe d’un ancien rédacteur en chef d'un journal concurrent jugé «trop proche d'Ennahda». Pour le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) qui soutient ces rédactions, il y a une volonté du pouvoir islamiste de contrôler les médias tunisiens. Ce syndicat évoque dans ce sillage de nombreux médias publics qui ont vu leurs directions remplacées par le gouvernement sans consultation préalable des journalistes et des employés. Le SNJT a prévu une assemblée générale vendredi lors de laquelle sera évoqué un éventuel appel à une grève nationale des journalistes. La Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme (LTDH) a, pour sa part, exprimé son soutien aux rédactions concernées et dénoncé ces nominations unilatérales, estimant qu'il s'agissait d'une tentative de «soumettre et contrôler» les médias. Le gouvernement tunisien est accusé depuis plusieurs semaines de s'attaquer à la presse. En juillet, l'Inric, l'instance chargée de la réforme des médias, avait dénoncé le recours par le pouvoir à des «outils de désinformation et de censure». C’est dire qu’en Tunisie, la démocratie est loin d’être définitivement acquise.
Sonia B.
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