«Le Monde» appelle la France à soutenir les islamistes par intérêt
Il ne s’agit pas d’une simple bourde du grand quotidien de renom, comme il lui arrive souvent d’en commettre, mais d’une inqualifiable dérive qui en dit long sur l’état d’esprit d’une presse complètement vassalisée par les puissances dominantes qui ne se sont jamais aussi bien servies des médias français et de leurs zélateurs. Dans un éditorial daté de mercredi, consacré à la crise syrienne, le grand journal de référence appelle les Occidentaux à appuyer davantage leurs amis de l’ASL (armée syrienne libre) pour «abattre le régime de Bachar», et reproche aux Etats-Unis et à l’Europe leur «pusillanimité» et leur «prudence», qui feraient encore prolonger la vie du régime «cruel» de Damas. Jusque-là, rien d’anormal, tout étant dans la ligne. Mais là où le lecteur est littéralement agressé, c’est lorsque l’auteur – souvent c’est le directeur du journal qui signe les éditoriaux tant cette partie du journal engage la publication politiquement – glisse et commet ce qui devrait, en France, en temps normal, être qualifié d’apologie du fascisme : «Il est donc important, écrit l’éditorialiste, d'être présent auprès des opposants, de multiplier les contacts, d'aider à la construction d'une solution politique, de connaître et de comprendre les responsables musulmans qui gouverneront, demain, la Syrie, comme ils le font déjà en Egypte, en Libye ou en Tunisie. Ce n'est pas glorieux, mais c'est nécessaire, utile et prévoyant». L’auteur aurait choisi, sans doute par «pusillanimité», d’employer le terme «musulmans» à la place d’«islamistes». Parce que, en fait, il ne peut s’agir que de cela : il est clair qu'on ne peut imaginer, pour le cas de la Syrie ou des trois autres pays cités par l’auteur, des responsables non musulmans, à moins qu’il veuille exclure, ici, les autres minorités confessionnelles. Ce qui n’est, évidemment, pas du tout le propos. Combattre un pouvoir dictatorial est une chose, militer pour l’avènement de régimes religieux extrémistes en est une autre.
Ghania B.
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