Le directeur général de l’ARPT claque la porte
Selon plusieurs titres de la presse nationale, le directeur général de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), Yacine Abdelhak, aurait démissionné de son poste jeudi à cause d’un litige qui l’opposait à la présidente de l’agence, Zohra Derdouri. Nommé en janvier 2012, M. Abdelhak a été contraint, selon les mêmes sources, de déposer sa démission à cause du comportement de la présidente qui «l’aurait empêché d’accomplir sereinement et totalement sa mission». Le marché de la téléphonie mobile vit une rude concurrence, et l’ARPT, qui est sollicitée pour son équilibrage, laisse faire.
Pour rappel, Algeriepatriotique a fait état de la longueur d’avance prise par Djezzy sur ses deux concurrents, l’opérateur historique Algérie Télécom et Watania Telecom Algérie (WTA). Cette situation a créé une position dominante sur le marché des télécommunications qui, bien que constatée par l’autorité de régulation, en 2007 déjà, n’a jamais donné lieu à une mesure coercitive applicable dans ce genre de situation. Cette absence de réaction de l’ARPT a généré deux effets contraires aux règles de la concurrence : elle a permis l’émergence d’un opérateur puissant, disposant de parts de marché et d’une surface financière anormale, et privé les deux autres concurrents de tous leviers légaux et réglementaires pour lutter contre les abus constatés.
L’Algérie disposait, jusqu’à il y a quelques mois, d’instruments légaux qui lui auraient permis d’atteindre ses objectifs de rachat de l’opérateur OTA dans les meilleures conditions financières, mais elle les a perdus parce qu’une décision de l’ARPT qui aurait pu avoir un impact direct sur le prix de Djezzy – sa valeur allait baisser systématiquement de deux milliards de dollars – n’a pas été prise. Plusieurs zones d’ombre entourent cette complaisance de l’Autorité de régulation depuis le limogeage de Mohamed Belfodil et son remplacement par la présidente actuelle. En effet, la décision 06/SP/PC/ARPT du 6 février 2007, qui dispose expressément que «l'opérateur Orascom Telecom Algérie est en position dominante sur le marché du service de la téléphonie mobile au public de type GSM», aurait, si elle avait été suivie d’effet, soumis Djezzy à une série de contraintes réglementaires destinées à ramener ses parts de marché de plus de 60% à 45%, conformément aux lois en vigueur. Un calcul simple démontre, en effet, qu’une telle sanction aurait réduit, en toute légalité, la valeur de l’opérateur de 36%, laquelle serait descendue à un peu moins de 4 milliards de dollars.
M. E.-G.
Comment (4)