Règlements de comptes et criminalité en hausse : la France a peur
Une première. Samia Ghali, sénatrice PS et maire de deux arrondissements à Marseille, a appelé l’armée à intervenir pour mettre fin à l’insécurité qui règne depuis plusieurs mois dans cette ville du sud de la France. Une insécurité banalisée à un point tel que l’élue du parti socialiste qualifie les tueries qui se succèdent à Marseille d’«attraction médiatique nationale». Cette sortie, pour le moins inattendue dans un pays connu pour être une grande démocratie, intervient au lendemain de deux nouvelles fusillades qui ont fait deux morts en moins d'une semaine dans la cité phocéenne, portant à 19 le nombre de règlements de comptes enregistrés depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône. L’année dernière, une vingtaine de règlements de comptes, liés pour la plupart au trafic de drogue, avaient été recensés dans le département, faisant 16 morts dont 15 à Marseille. «Aujourd'hui, face aux engins de guerre utilisés par les réseaux, il n'y a que l'armée qui puisse intervenir. Pour désarmer les dealers d'abord. Et puis pour bloquer l'accès des quartiers aux clients comme en temps de guerre, avec des barrages», a souligné Samia Ghali, visiblement agacée par la recrudescence de la violence dans la deuxième plus grande ville de France à forte concentration d’immigrés. «La vérité, c'est qu'aujourd'hui le premier employeur des jeunes dans certaines cités, c'est le trafic de stupéfiants. Si rien ne bouge, on se dirige tout droit vers un système à l'américaine avec des gangs qui se font la guerre sur des territoires où la loi n'a plus cours», a-t-elle mis en garde. Mais le cri de l’élue socialiste n’a, cependant, pas été entendu par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui dit comprendre «l'appel au secours de la sénatrice». Mais pour lui, «il est hors de question que l'armée puisse répondre à ces drames et à ces crimes. Il n'y a pas d'ennemi intérieur et pour s'attaquer au trafic de drogue, au banditisme, à ces règlements de comptes, au trafic d'armes, il faut une action en profondeur de la police et de la justice car les deux vont de pair». Armée ou pas, cette polémique démontre à quel point la France peine à maîtriser des zones de non-droit de plus en plus nombreuses à travers le pays. L’échec de la politique d’intégration adoptée alternativement par les gouvernements successifs de gauche et de droite aboutit à une montée de la violence qui fait craindre le pire. C’est la première fois qu’un élu socialiste appelle à réagir avec force face à la délinquance, jusque-là sujet de prédilection de l’extrême droite.
Sarah L.
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