La justice américaine autorise la CIA à tuer les prisonniers
Aucune poursuite judiciaire ne sera engagée contre la CIA pour les détenus morts dans ses prisons secrètes. La justice américaine, connue pour sa témérité dans les affaires les plus rocambolesques, a cette fois-ci décidé tout simplement de tourner le dos aux familles des nombreuses victimes en renonçant aux poursuites qu’elle a engagées après les événements du 11 septembre 2001. Le département de la justice justifie son renoncement par l’insuffisance des preuves recevables devant un tribunal. La CIA a vite réagi à travers un communiqué signé par son directeur, dans lequel elle exprime son soulagement après la clôture de l'enquête et félicite le département de la justice pour sa compréhension. Après une enquête exhaustive sur le traitement infligé à deux détenus en 2002-2003, le ministère de la Justice n'engagera de poursuites criminelles contre aucun employé de l'Agence, se réjouit le responsable de la première agence de renseignement au monde. En 2002, les Etats-Unis avaient adopté dix techniques d'interrogatoire musclé assimilées à de la torture par de nombreuses voix critiques, afin d'obtenir des renseignements des personnes capturées et soupçonnées de liens avec Al-Qaïda. Ces méthodes comprenaient notamment la privation de sommeil, la mise à nu du détenu ou encore la simulation de noyade. L'Union américaine pour les libertés civiles (Aclu) a en revanche dénoncé cette décision, parlant d'un scandale. Le ministère de la Justice refuse de traduire en justice les responsables qui ont autorisé la torture, les avocats qui ont cherché à la légitimer et les interrogateurs qui l'ont utilisée, a déclaré dans un communiqué Jameel Jaffer, directeur juridique adjoint de l'Aclu. Cette ONG dénonce ainsi l’impunité dont bénéficient les agents de la CIA et craint que cela encourage la pratique de la torture au sein de cette agence pour l’extorsion de renseignements. La CIA a été plusieurs fois accusée de torture de prisonniers, notamment en Irak. Parfois, elle utilise des pays tiers et des sous-traitants pour accomplir cette sale besogne. Mais ce qui est valable pour certains ne semble pas être applicable aux Etats-Unis.
S. B.
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