Que reste-t-il de la Libye ?
Le 1er septembre est passé et si des regards chargés de sympathie se sont tournés, ce jour-là, vers la Libye, ce n’est plus pour les cérémonies qui marquaient habituellement «El-Fateh», la date anniversaire de la chute de la monarchie et de l’arrivée au pouvoir en 1969 de Mouammar Kadhafi, mais pour les malheurs qui accablent la population de ce pays depuis que l’Otan lui a imposé, par la violence, un autre régime. La coalition hétéroclite soutenue par l’Otan qui a pris le pouvoir en Libye ne cesse de se déchirer. Les observateurs constatent que le gouvernement de Tripoli ne parvient pas à obtenir le monopole sur l'usage de la force et perd le contrôle de la situation. Signe de cette impuissance : le ministre de l'Intérieur a démissionné puis est revenu sur sa décision. Les affrontements tribaux entre groupes armés peuvent éclater à tout moment et en divers points du territoire pour le moindre différend. D’autre part, le spectre de Kadhafi continue de hanter les nouvelles autorités qui voient ses partisans partout, particulièrement à Tripoli où les lieux symboliques qui rappellent le souvenir de l’ancien «Guide» ne manquent pas. Le pouvoir attribue à ce qu’il appelle les «nostalgiques de l’ancien régime» les attentats à la bombe d’il y a deux semaines. Mais le véritable danger identifié par le gouvernement est constitué par les islamistes, version wahhabite, qui ont gardé les armes et tiennent de grandes villes. Ils détruisent les mosquées et les écoles qui ne leur conviennent pas, comme ces mausolées de saints à Tripoli et Zliten, objet, selon eux, d’une «vénération» qui serait une atteinte à l’islam. De l’aveu du ministre de l’Intérieur, le gouvernement craint les islamistes et a peur de perdre la bataille s’il les affronte. La guerre civile dans ce pays est dans l’attente d’un prétexte.
Lazhar Houari