Brahimi se démarque des rebelles syriens
Est-ce parce qu’il est originaire d’un pays – l’Algérie – qui connaît trop le prix de la guerre coloniale ou parce qu’il a une longue pratique de la «diplomatie des conflits», notamment dans la guerre civile au Liban, que Lakhdar Brahimi, médiateur international, ne veut pas entendre parler d’intervention militaire dans la crise syrienne ? «Une intervention militaire en Syrie signifiera l'échec des efforts diplomatiques. Pour moi, c'est inacceptable, ni aujourd'hui, ni demain, ni après-demain», a-t-il déclaré dans une interview à une chaîne de télévision arabe. Cette position va à l’encontre des déclarations faites par les dirigeants occidentaux, Etats-Unis et France particulièrement, qui n’excluent pas l’intervention militaire en Syrie et encouragent l’appui apporté par les pays du Golfe et la Turquie aux groupes armés terroristes dans ce pays. Lakhdar Brahimi a d’ailleurs fermement mis en garde les «opposants armés» : «Gardez en mémoire, je vous prie, que je n'envisage pas de rejoindre votre mouvement. Je travaille pour deux organisations internationales – l'ONU et la Ligue arabe–, et nous ne parlons pas, vous et moi, la même langue.» Alors que le ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders, admettait la possibilité d'une intervention militaire internationale en Syrie en dehors du cadre de l'ONU, l’homme de paix qu’est Lakhdar Brahimi appelle les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU à soutenir son action pacifique de médiation. L'ancien chef de la diplomatie algérienne a été nommé le 17 août au poste de médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour remplacer Kofi Annan, dont le mandat a expiré le 31 août mais qui avait annoncé sa démission, plus tôt, le 2 août, en invoquant le manque de soutien à ses efforts. Le 1er septembre, M. Brahimi a officiellement pris ses fonctions. Sa démarche vise à régler la crise syrienne sur la base des accords de Genève. Il s’est dit à travailler avec toutes les forces politiques et tous les Etats susceptibles de ramener la paix dans ce pays.
Lazhar Houari
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