Le financement occulte, une menace majeure pour les élections
La problématique croissante du «financement politique incontrôlé, secret, illégal et opaque», qui affecte autant les démocraties «adultes» que celles en développement, est une des «cinq menaces majeures qui visent l’intégrité électorale», selon la Commission mondiale sur les élections, la démocratie et la sécurité, composée d’anciens leaders mondiaux, de prix Nobel de la paix et de grands universitaires. Dans un rapport intitulé «Renforcer la démocratie : une stratégie pour améliorer l’intégrité des élections dans le monde», la Commission identifie cette menace comme consistant à «vider de son sens la démocratie partout dans le monde et de la déposséder de ses uniques forces». Elle met particulièrement l’accent sur «le financement des campagnes, des partis et des candidats politiques par le crime organisé transnational». Les auteurs du rapport soulignent que «tous les pays du monde, à l’exception de 11 d’entre eux, ont organisé des élections nationales au cours de ce siècle. Cependant, certaines de ces élections étaient profondément entachées de fraudes, n'apportant qu'un « faux vernis de légitimité » aux gouvernements autocratiques». Ils estiment que «les élections intègres encouragent les valeurs démocratiques et les droits de l’Homme, et aident aussi à améliorer la gouvernance, lutter contre la corruption, émanciper les groupes minoritaires et offrir des services aux populations pauvres». Mais, ajoutent-ils, «si elles ne sont pas organisées équitablement, les élections peuvent affaiblir la démocratie, aggraver les divisions, déclencher les conflits et échouer à améliorer la vie des populations». La Commission appelle à «une action nationale et internationale urgente afin de protéger et promouvoir l'intégrité des élections». Les auteurs du rapport recommandent la création d’«une nouvelle organisation transnationale de la société civile, "Intégrité électorale internationale", afin de porter l’attention internationale sur les pays qui ont réussi ou échoué à organiser des élections intègres». Ils recommandent également l’élaboration d’un code de conduite et d’une certification permettant d’évaluer et de noter les organismes de gestion électorale nationaux en fonction du professionnalisme, de l’indépendance et de la compétence dont ils font preuve. Idem pour les observateurs des élections nationales qui doivent s’engager en faveur de normes globales en adhérant au Réseau mondial d’observateurs nationaux.
R. O.