Ce n’était pas un printemps !
Les forces locales n’inspirent plus aucune confiance aux Américains dans les pays qu’ils pensaient avoir pourtant conquis. Selon une des versions qui relatent l’attaque du consulat des Etats-Unis à Benghazi, ayant entraîné la mort de l’ambassadeur et de trois autres diplomates, les agents libyens chargés de la protection de la représentation diplomatique auraient déserté leur poste pour protester, eux aussi, contre le film anti-islam, et ils auraient ainsi laissé la voie libre aux assaillants. La «foule», hier adulée par les responsables à la Maison Blanche – qui n’hésitaient pas à verser dans la plus basse des démagogies pour l’inciter au «changement» – devient subitement suspecte. Il faut reconnaître que les Américains ont toutes les raisons de douter de leurs alliés d’«en bas». L’exemple le plus flagrant est donné par la police afghane dont les éléments ne ratent pas l’occasion de faire le coup de feu contre les soldats de l’Otan censés les former. Pour protéger leurs représentations diplomatiques et leur personnel, à commencer par l’ambassadeur, le recours aux Marines est alors indispensable. La Libye en donne une illustration parfaite. Deux destroyers et une équipe d'une cinquantaine de Marines y ont été envoyés dans le but de protéger la sécurité du personnel américain et rechercher les auteurs de la violence contre le consulat américain à Benghazi. Mais cette présence, imposée en Libye, est indésirable ailleurs. Le gouvernement soudanais a refusé une demande formulée par les Etats-Unis pour l'envoi d'unités spéciales afin de protéger leur ambassade à Khartoum et le Yémen en a fait de même. Avec des ambassades attaquées quasiment partout dans le monde arabe, de la Tunisie au Yémen, les Etats-Unis ont perdu leurs illusions sur le «printemps arabe». Un «printemps» qui ne suffit pas pour la réalisation de leurs visées hégémoniques. Il faut plus : la présence physique de forces terrestres que les Américains rechignaient à mettre en œuvre, à cause des risques évidents que cette solution comporte.
Ramdane Ouahdi
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