Ansar Dine exige 60 millions d’euros pour quitter le Nord-Mali
L’occupation de certaines régions du Nord-Mali par le groupe terroriste Ansar Dine n’est qu’une histoire d’argent. Son chef islamiste, Iyad Ag Ghali, réclame publiquement 40 milliards de francs CFA (environ 60 millions d’euros) à l’Etat malien pour quitter «pacifiquement» les «territoires occupés» dont Tombouctou où ce groupe terroriste applique déjà la charia en amputant les mains et les pieds de quelques présumés voleurs. Ce groupe, qui a rompu son alliance stratégique avec le MNLA en le chassant de ses propres territoires et en s’opposant à son projet séparatiste, veut désormais prendre l’argent et libérer la zone qui est sous son contrôle. Cette nouvelle revendication s’explique par sa situation financière jugée par les spécialistes des groupes terroristes au Sahel «très critique» en raison du coût des nombreux mercenaires qu’il a recrutés ces derniers mois pour pousser dans leurs derniers retranchements les combattants de l’Azawad. Le fait de n’avoir pas pu prendre des otages pour réclamer des rançons a asséché ses réserves financières, contrairement à son principal concurrent dans la région, le Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui a amassé plusieurs millions d’euros grâce aux rançons perçues en contrepartie de la libération d’otages européens. Ne pouvant pas réclamer de rançons, Ansar Dine cherche ainsi à monnayer son départ «pacifique» du Nord-Mali contre une importante cagnotte qui assurerait à ses troupes un exil doré. Bizarrement, cette revendication a été rendue publique le jour même où l’on discute à Abidjan d’une très probable intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest au Nord-Mali, tel que demandé par le gouvernement de transition malien. Ansar Dine, venu avec un projet d’islamisation de la région, semble revoir ses ambitions en se rendant à l’évidence qu’il ne pourra pas tenir longtemps face à une intervention étrangère. Ce groupe recrute parmi la tribu des Ifoghas (touareg) de son chef Ag Ghali. Il enrôle les soldats qui étaient sous son autorité avant qu’il ne parte en Arabie Saoudite, en 2008.
Sonia B.
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