Pourquoi la Grande-Bretagne fait des appels du pied à l’Algérie
Les relations algéro-britanniques ne sont plus ce qu’elles étaient dans les années 1990 quand en plein cœur de Londres et sous le regard bienveillant de la police, des collectes d’argent pour le GIA étaient régulièrement organisées par les islamistes, confortablement réfugiés dans ce pays. Le temps est passé et l’heure est maintenant aux affaires. De ce point de vue, l'ambassadeur du Royaume-Uni en Algérie, Martyn Roper, est satisfait de l’état des relations algéro-britanniques, «très fortes», et de leur niveau «de haute qualité». Il estime que «les relations bilatérales sont marquées par des partenariats efficaces et exemplaires dans tous les domaines de coopération». C’est ce qu’il a souligné lors d'une rencontre entre les opérateurs économiques des deux pays organisée par le Conseil d'affaires algéro-britannique. Cette rencontre intitulée «UK Day in Oran» (journée du Royaume-Uni à Oran) a permis la mise en contact des investisseurs britanniques avec les opérateurs de la région ouest du pays en vue de mieux cerner les nombreuses opportunités d'affaires et d'investissement offertes par le marché algérien. L'ambassadeur a mis l'accent dans ce contexte sur les opportunités à saisir dans divers segments tels ceux de l'énergie, de la machinerie industrielle, de la santé, de la construction, de l'éducation, de la formation et de l'enseignement de la langue anglaise. Il constate que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays connaît une croissance continue au fil des dernières années, plaçant l'Algérie au rang des principaux partenaires du Royaume-Uni à l'échelle du Moyen-Orient et de l'Afrique». Ce revirement dans l’attitude de la Grande-Bretagne s’explique par des raisons géostratégiques. Il s’agit pour ce pays de récupérer les marchés perdus par la France qui est en perte de vitesse en Algérie mais tente un retour depuis l'avènement des socialistes. Dans le contexte de la crise de la zone euro, la Grande-Bretagne, qui se trouve hors de cette zone de turbulences, veut faire cavalier seul en prospectant de nouveaux marchés. Des raisons géopolitiques aussi : l’Algérie est un partenaire idéal avec une relative stabilité politique – dans une région traversée par la violence et marquée par les incertitudes – et une manne financière qui n’est pas près de baisser, et tout indique qu’elle va aller en augmentant si on en croit les prévisions des spécialistes. Visiblement, la Grande-Bretagne préfère fermer les yeux sur certaines aberrations politiques et éviter de remettre en selle les islamistes avec le risque de fragiliser le pays. Comme d’autres pays occidentaux, la Grande-Bretagne ne veut pas prendre ce risque.
Lina S.
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