Ksentini accuse : «La réforme de la justice a été détournée»
Selon Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale des Droits de l’homme, il y a en moyenne, chaque année, entre 17 000 et 18 000 pourvois en cassation devant la Cour suprême. «Ce n’est pas normal, dit-il. Si la justice était de meilleure qualité, il n’y aurait pas autant de recours.» Il cite en comparaison le nombre de cas analogues en France : 2 500 pourvois en cassation par an. Pour Me Farouk Ksentini, la formation des juges est insuffisante. Il faut, estime-t-il, au moins dix ans pour former un bon juge. Il appelle à corriger cette situation de fond en comble en améliorant la formation professionnelle des juges et des avocats. La solution est dans la mise en œuvre de la réforme recommandée par la Commission Issad, or, constate-t-il, aucune de ses suggestions n’a été retenue et encore moins appliquée. Il trouve que la réforme de la justice a été complètement détournée. Son appréciation est visiblement très sévère : la justice algérienne n’a pas progressé dans les proportions souhaitées. Il faut revenir au rapport de la Commission de la réforme de la justice dont les travaux avaient été dirigés par le regretté Pr Mohand Issad, souligne Me Farouk Ksentini. Il a un jugement aussi sévère pour le Code de procédures, «d’une rare absurdité, dit-il, et totalement incohérent». Il est revenu sur le sempiternel problème de la détention préventive et remet en question les arguments de magistrats qui la défendent en la présentant comme un moyen de protéger les intérêts des victimes. Ce n’est pas là, le rôle du magistrat, selon lui, les victimes sont capables de se défendre elles-mêmes à l’aide de leurs avocats. Il estime à 35% la proportion du nombre de détenus en détention provisoire et c’est la cause de la surpopulation des prisons. Heureusement, ajoute-t-il, chaque 5 juillet, elles sont vidées par la grâce partielle accordée par le président de la République. Me Farouk Ksentini intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, ce matin (mercredi).
Cherif Brahmi