Navi Pillay loue la liberté d’expression en Algérie
Au terme d'une visite de deux jours, première en son genre, la Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a organisé une conférence de presse, mercredi après-midi, à la résidence El-Mithaq pour faire part de ses observations et des résultats de ses entretiens avec le gouvernement algérien sur la question des droits de l’Homme. La responsable onusienne n’a pas tari d’éloges à propos des réalisations de l’Etats algérien en matière des droits de l’Homme, citant à cet effet la liberté d’expression des médias, qui, selon elle, s’est considérablement améliorée, et l’émergence de nouvelles libertés politiques. Cependant, elle a vivement exprimé sa préoccupation quant à la répression par les forces de sécurité du droit à la liberté d’association et de réunion. «Une répression apparente par les forces de sécurité qui s’appuient sur un article controversé du Code pénal à savoir l’article 100 et à cause des restrictions très critiquées contenues dans la nouvelle loi sur les associations», a-t-elle souligné. Et d’ajouter : «J’ai été préoccupée d’apprendre que les organisations de la société civile sont confrontées à des contraintes juridiques et que certains membres sont fréquemment harcelés, intimidés et arrêtés arbitrairement par les forces de sécurité. Je comprends les préoccupations du gouvernement algérien qui sont "légitimes" quant au financement de ces ONG, seulement je l’encourage à réviser les lois et les pratiques relatives aux associations, en demandant à toutes les forces de sécurité de "s’abstenir de violer" les instruments internationalement reconnus qui garantissent le droit à la liberté d’association.» En ce sens, elle a évoqué l’article 20 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et l’article 22 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui est un «traité contraignant» ratifié par 167 Etats, y compris l’Algérie. Sur un autre volet, la Haut Commissaire a souligné l’intérêt manifesté par le gouvernement algérien à ratifier deux principaux traités, à savoir le Protocole facultatif à la Convention contre la torture (OPCAT)* et la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. «En ratifiant ces deux protocoles, l’Algérie renforcera considérablement ses défenses contre tout retour à l’époque où la torture était monnaie courante et évitera de voir se répéter la situation des années 1990, lorsque plusieurs milliers de personnes ont été victimes de disparition forcée», a-t-elle expliqué. Pour ce qui est du dossier sensible des disparus, Mme Pillay a félicité le gouvernement pour son système d’indemnisation aux familles des victimes et l’a exhorté à leur fournir plus d’informations sur le sort de leurs membres et si possible leur indiquer leur emplacement ou celui de leurs dépouilles. A cet effet, elle fait part de son enthousiasme quant à la décision de l’Etat algérien d’accepter la visite d’experts de l’ONU, connus sous le nom du groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires. «Bien que leurs conclusions puissent parfois mettre mal à l’aise, elles peuvent offrir le stimulus et l’expertise nécessaires pour promouvoir un véritable changement bénéfique», a-t-elle estimé. Selon ses dires, ce groupe de travail procédera à des investigations et donnera des recommandations sur la manière de gérer ce dossier épineux. Elle a espéré, toutefois, que la visite de ce groupe «pourra se dérouler rapidement et sans conditions préalables».
Mohamed El-Ghazi
(*) Mécanisme qui permet des inspections inopinées et régulières par des organismes internationaux et nationaux des lieux de détention.