Une vidéo secrète dévoile les véritables desseins de Ghannouchi
Une vidéo divulguée sur internet a fait sensation en Tunisie. Elle a trait à une rencontre entre le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, et les salafistes et dévoile les intentions de Ghannouchi de mettre en application, le moment venu, le programme des salafistes en dépouillant l’Etat de son caractère civil pour le remplacer par un Etat islamique. En réaction à ce fait qu’ils qualifient de dangereux, 75 députés de l'opposition de l’Assemblée constituante, sur 217, ont demandé la dissolution, par voie judiciaire, du mouvement Ennahda. Un avocat tunisien a déposé une plainte contre le chef du mouvement Rached Ghannouchi, pour «conspiration contre la sécurité interne du pays». Dans la vidéo, Ghannouchi conseille aux salafistes de patienter et d’accumuler les acquis sans se précipiter parce que l'armée et la police en Tunisie ne présentent pas de garanties de les suivre et sont encore dominés par les laïcs. Il leur a demandé de «remplir», dans l'intervalle, le pays d’écoles religieuses et coraniques et de créer des stations de radio et de télévision car «les gens (en Tunisie) sont encore ignorants de l'islam». Ennahda a fait savoir, dans un communiqué, que la vidéo concerne l'intervention de Ghannouchi devant un groupe de jeunes salafistes en février 2012, à l’occasion des discussions sur le chapitre premier de la Constitution. Des députés de l'opposition ont exigé du président de l’Assemblée constituante, Mustapha Ben Jaâfar, de tenir une réunion extraordinaire du Conseil ce samedi pour discuter du discours «dangereux» tenu par Rached Ghannouchi. Rachid Ghannouchi a reconnu, dans une interview jeudi soir avec la télévision d'Etat, que la vidéo était vraie, ajoutant, pour se justifier, que ses propos sur l'armée et la police en Tunisie visaient à demander aux salafistes d’éviter l’affrontement avec l’Etat. Il a fait remarquer qu'il était contre les laïcs extrémistes. Les observateurs notent que l'armée est la seule institution dans le pays qu’Enanahda n’a pas infiltrée. Dans ce contexte, le ministère de la Défense a annoncé, jeudi, dans ce qui s’apparente à une véritable mise en garde, que l'institution militaire en Tunisie gardera sa stricte neutralité envers tous les partis politiques. Cette intervention du ministère de la Défense vient à la suite des accusations portées contre Ennahda de vouloir contrôler l’armée pour un état «islamique» en Tunisie. Le ministère de la Défense a appelé les militaires à se conformer aux lois de l'Etat et aux règlements de l'armée, et à faire preuve de discipline «dans l’intérêt du pays». Un sondage publié par un journal local la semaine dernière révèle qu’environ 90% des Tunisiens ont confiance dans l'armée de leur pays.
Ramdane Ouahdi
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