Que nous veulent les Maliens ?
A contre-courant de l’appréciation dominante dans les principaux pays concernés par la crise malienne, privilégiant la solution politique, certains cercles au Mali accusent l’Algérie de vouloir faire échouer la solution militaire au nord du pays. Ils voient d’un mauvais œil les efforts déployés par l’Algérie pour faire valoir la solution politique, forcément négociée. La main d’Alger serait partout dans la crise malienne. Que le haut commandant de l’Africom (forces américaines en Afrique) plaide pour une solution politique au conflit malien et voilà qu’ils crient aux «grandes manœuvres algériennes». Le rôle d’Alger est diabolisé. Aux dires de ces cercles, les dirigeants algériens seraient en mesure d’interférer sur la décision du Conseil de sécurité de l’ONU, en agissant diplomatiquement sur Moscou et Pékin pour qu’ils opposent leur veto au cas où les deux tiers de cette instance au moins votaient la résolution autorisant l’emploi de la force au nord du Mali. Ils vont plus loin dans leurs accusations en laissant croire que depuis 1990, Alger a favorisé les différentes rébellions au Nord-Mali en leur offrant son territoire comme base arrière. Et le reste, comme on dit, est à l’avenant. Ces accusations ne changent rien à la réalité. L'approche algérienne pour une sortie de crise au Mali apparaît désormais comme la plus indiquée. Elle vise à s’appuyer sur les Maliens eux-mêmes, en tant que premiers acteurs dans la recherche de solutions à leurs problèmes. La récente nomination de Romano Prodi, comme envoyé spécial des Nations unies dans la région, va dans ce sens.
Lazhar Houari
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