Les travailleurs de l’Etusa dénoncent le népotisme
Plus d’un millier de travailleurs de l’Entreprise des transports urbains et suburbains d’Alger (Etusa) ont tenu, aujourd’hui lundi, un rassemblement devant le siège de la Centrale syndicale. Receveurs, conducteurs de bus ou de tramway, gestionnaires de téléphérique, agents de contrôle, superviseurs, ils étaient nombreux à marquer cette journée de protestation contre leurs conditions de travail jugées intenables et le comportement népotique des responsables de l’entreprise. «C’est une révolte spontanée des travailleurs qui en ont marre de leur situation salariale et qui refusent de rester les bras croisées face à la situation socioprofessionnelle en constante dégradation. Il y a trop d’injustice et d’intimidations au sein de l’entreprise. Les travailleurs n’en peuvent plus. Ils sont à bout et l’expriment aujourd’hui haut et fort», précise à Algeriepatriotique Mohamed Kharoubi, doyen des receveurs de l’Etusa et syndicaliste. Le mouvement de protestation, qui a commencé ce matin, va durer. «Nous allons passer la nuit ici, à la Centrale syndicale. Et demain, nous reprendrons notre rassemblement. Nous ne (les) lâcherons pas cette fois-ci», assure notre interlocuteur qui estime que la balle est dans le camp du ministère des Transports. «Les responsables au ministère sont au courant de nos revendications qui ne datent pas d’aujourd’hui. Nous les avons avisés à plusieurs reprises à travers des courriers. Nous leur demandons des réponses concrètes et rapides, car l’attente a trop duré», poursuit ce syndicaliste aguerri. Toutes les options sont mises sur la table, d’après lui. Celle d'une grève illimitée est également prévue. D'ailleurs, à partir de demain, les travailleurs qui prendront part au rassemblement n’iront pas travailler. «C'est indirectement une grève illimitée», souligne Ahmed, un autre syndicaliste au sein de l'entreprise. Les travailleurs, qui réclament le départ du secrétaire général du syndicat d’entreprise et du directeur général de l’Etusa, demandent l’application de la convention collective signée en 1997. «Cette convention n’a malheureusement jamais été appliquée dans son intégralité», regrette M. Kharoubi. Parmi les points non appliqués, il y a les articles relatifs au salaire de base, à la prime de panier, au congé supplémentaire rémunéré, au contrat de travail à durée déterminée et aux primes sacoche, de caisse, de suivi et de découverte de fraude. La protestation qui s’est généralisée cet après-midi pour toucher les mécaniciens et les agents de maintenance risque de perturber fortement le transport au niveau de la capitale, sachant que l’Etusa assure plus de 30% du transport routier et gère également le tramway d’Alger. L’Etusa emploie près de 2 600 travailleurs. Totalement relancée grâce à l’aide considérable de l’Etat, elle jouit d’une situation financière prospère et investit dans de gros projets de développement du transport urbain, comme le téléphérique et les télébus.
Sonia B.
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