Le démon se réveille
L’islamisme «modéré» que les pays occidentaux ont voulu imposer par la force dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (Mena, selon leur découpage géopolitique), incarné par Ennahda de Rached Ghannouchi qui se veut un exemple dans le genre, est rejeté par une bonne partie de la population tunisienne sortie dans la rue hier pour le faire savoir sur l'avenue Bourguiba, lieu symbolique. Il y a quatre jours, un représentant du parti d'opposition Nida Tounès (L'Appel de la Tunisie, parti de l'ex-Premier ministre Beji Caïd Essebsi) est mort lors d'échauffourées avec des militants du parti Ennahda à Tataouine, dans le sud du pays. Ce fait a révélé aux esprits crédules, dans ce pays, que la violence est un élément constitutif de la démarche politique des islamistes d’Ennahda au même titre que la ruse. Le double jeu d’Ennahda a été, tout récemment, dévoilé grâce, paradoxalement, à ses militants, victimes de la manie qu’ont les islamistes – et Ennahda ne fait pas exception à la règle – de filmer toutes leurs activités. C’est ainsi que les déclarations faites par Rached Ghannouchi, lors d'une rencontre secrète en avril dernier avec des islamistes appelés salafistes (c'est-à-dire non modérés dans la classification que nous servent les Occidentaux), ont été mises sur la place publique. Elles ont révélé ce que les observateurs avertis savaient : le parti islamiste au pouvoir à Tunis n’a rien de la formation modérée qu'il prétend être. Il est tenu, par sa nature, de faire des concessions aux salafistes et le moment venu satisfera toutes leurs demandes qui se résument en l’instauration d’un Etat théocratique.
Ramdane Ouahdi