Jeu de langue pervers

Glissement de sens dans le traitement de l’information sécuritaire. Pour les Français, les éléments armés du Mujao, d’Ansar Eddine et d’Aqmi ont cessé d’être des terroristes. On les appelle désormais les djihadistes. Mais pourquoi ce travestissement de sens ? Le fait est que la France – et avec elle plusieurs pays d’Europe – est incommodée par les admonestations répétitives de son puissant allié américain, depuis que ces groupes terroristes se sont enrichis grâce au rapt des touristes étrangers. Les chiffres des sommes amassées par les trois mouvements donnent le tournis ; on parle de plus de 100 millions d’euros. La France, qui joue à fond la carte de l’intervention militaire étrangère au Mali, en prenant bien soin d’avertir qu’il n’y aura pas de soldats français au sol, prépare l’après-guerre avant même que celle-ci ait eu lieu. Paris, qui évolue dans son «six mètres» au Sahel, a appris les leçons irakienne et, plus récemment, libyenne. Si guerre contre les groupes armés il y aura, il devra tirer seul les dividendes du rétablissement de l’autorité centrale sous les ordres d’un nouveau pouvoir pleinement inféodé à l’Hexagone. Mais n’étant pas certaine de l’issue d’un conflit armé à venir qui s’annonce particulièrement risqué, la France garde entre ses mains la carte de la négociation, au cas où l’intervention des armées africaines échouerait et aggraverait la situation dans un Mali coupé en deux. Alors, ce ne sera pas avec des terroristes que les parties en conflit s’assoiraient, mais avec des djihadistes, donc des militants d’une cause et non plus avec des personnes qui utilisent la terreur et la violence pour imposer leur autorité. Moins frappant, le vocable «djihadiste» libère ainsi les capitales occidentales de la gêne que leur procurait son équivalent autrement plus cru. A l’hyperbole utilisée dans les années 90, quand le mot «terrorisme» servait à affaiblir l’Algérie en l’isolant sur la scène internationale, est substitué un euphémisme de bienséance pour déguiser les coups de Jarnac d’une France qui s’échine à déguiser son rôle néfaste dans un Sahel qu’elle voudrait réoccuper pour rattraper le temps perdu après la vague de décolonisation des années 60. En tout cas, ce n’est pas l’effet d’atténuation de la réalité voulu par la France qui adoucira les mœurs de ces criminels, quand bien même elle continuerait à leur graisser la patte pour importuner le voisin algérien.
M. Aït Amara
 

Commentaires

    Lemajd
    24 octobre 2012 - 21 h 15 min

    Bonne asnalyse.M.Hollande
    Bonne asnalyse.M.Hollande n’est pas le bienvenue malgrés que nos decideurs,les pôvres,font ce qu’ils peuvent pour la France.

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