L’Aïd fêté dans l’insécurité en Kabylie
La Kabylie a fêté l’Aïd Al-Adha dans un climat des plus moroses, marqué par l’insécurité dans les agglomérations et les voies routières. Barrages renforcés, fouilles de bagages, identifications de personnes, contrôle de véhicules, la situation donne l’impression de revivre les années 90. Policiers, gendarmes, militaires et patriotes sont sur le qui-vive. Même les commerçants ont reçu des consignes afin d’observer la plus grande vigilance. La dégradation du climat sécuritaire a atteint son paroxysme, à tel point que les cimetières et les mausolées sont placés sous très haute surveillance. Les citoyens ont ressenti cette appréhension face à un terrorisme recrudescent, qui se caractérise par des enlèvements et des attentats. Les groupes de Béni Douala, Aïn El-Hammam, Yakouren et Tademaït ont repris leur activisme en Haute-Kabylie, notamment à Aïn El-Hammam. Les axes reliant Azzazga à Mekla, ou encore Larbaâ Nath-Irathen à Tizi-Ouzou et Yakouren, sont soumis à une forte tension. Les services de sécurité ont déployé plusieurs dispositifs sur les voies de communication afin de déjouer l’infiltration des groupes armés parmi les populations, surtout au niveau des mosquées et des cimetières. «Des policiers ont fouillé mon sac alors que je venais de faire des achats pour les enfants. C’est une bonne chose. J’estime que la population devra davantage s’impliquer dans cette lutte ; à défaut, nous serons les prochaines victimes. Il y a un retour visible des terroristes dans les maquis de Kabylie. Nous craignons les scénarios des années 90 où nous avions abandonné nos terres agricoles. Déjà que les incendies ont tout ravagé, les groupes armés tentent de se replacer dans nos villages», témoigne Ramdane. Ce père de famille exprime on ne peut mieux cette forte crainte qui plane sur le Djurdjura. Son compagnon, Saïd, partage son avis, mais avoue que la complicité de certains citoyens est pour beaucoup dans cette insécurité. «Ici, tout le monde connaît tout le monde. Personne ne peut passer inaperçu. Comment expliquer alors que des terroristes arrivent à distinguer un citoyen ordinaire d’un policier ou d’un gendarme en civil ? Il faut réprimer davantage l’acte de complicité. Ce n’est pas normal qu’on passe à chaque fois nos fêtes dans la peur. Nous vivons au quotidien sous la pression et la tension», dira encore Saïd. Une chose est sûre, l’Aïd a été fêté dans l’insécurité. N’était-ce la joie que procurent les enfants endimanchés, cette fête religieuse aurait pu être vécue dans une totale indifférence.
Yanis B.
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