CLA : «L’école algérienne forme des handicapés moraux»
Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) a rendu public un rapport peu reluisant sur l’état de l’école algérienne, qualifiée de «destructive des esprits». Ce rapport qui donne froid dans le dos, dont Algeriepatriotique a obtenu une copie, met en garde contre les conséquences sociales de la déstructuration de l’école et appelle à un plan d’urgence pour «limiter les dégâts».
Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) a rendu public un rapport peu reluisant sur l’état de l’école algérienne, qualifiée de «destructive des esprits». Ce rapport qui donne froid dans le dos, dont Algeriepatriotique a obtenu une copie, met en garde contre les conséquences sociales de la déstructuration de l’école et appelle à un plan d’urgence pour «limiter les dégâts».
«L'école est aujourd’hui en train de former des handicapés moraux qui ne peuvent qu'accentuer la gangrène culturelle et occasionner l'amputation sociale. On assiste aujourd’hui à une destruction massive des esprits. L’élève ne fait plus la différence entre l’école, l’enseignant et la rue. Les parents et les associations des parents d’élèves veulent diriger eux-mêmes l’école et dicter leur loi aux enseignants des fois par la force de la loi ou par la violence», souligne-t-on. Le CLA relève l’explosion de la violence à l’école avec des élèves «ingérables» constitués en véritables bandes de voyous qui narguent tout le monde. «Nous assistons régulièrement à des insultes, des gifles, des agressions envers des enseignants et ces faits ne sont pas toujours médiatisés», dénonce ce syndicat fondé par feu Rédouane Osmane, affirmant que des enseignants ont assisté à des «bagarres avec des armes blanches entre bandes rivales qui ont ramené leurs querelles aux portes des établissements scolaires sinon à l’intérieur». Autre point noir mis en avant dans ce rapport : la surcharge des classes devenue insupportable pour les enseignants qui ne savent plus où donner de la tête. Pour le CLA, le phénomène est bien national «malgré les dires de certains responsables qui le limitent à quelques wilayas et celui-ci a failli faire exploser l’école, mais heureusement que cette pause de neuf jours a pu calmer les esprits, mais pour combien de temps ?». Le CLA pense qu’une réflexion doit être menée pour préparer les trois prochaines années dès maintenant. Car il est urgent de gérer cette année 2012-2013 qui est difficile et, en même temps, préparer les première et deuxième années secondaires de 2013-2014 ainsi que les première, deuxième et troisième années 2014-2015 qui marqueront la fin de la première étape de la réforme. Les prochaines années seront aussi marquées, relève le rapport, par le départ à la retraite de plus de 50% des enseignants qu’il faudra penser à remplacer. Cela représentera plus de 200 000 enseignants à devoir trouver. Au niveau de l’encadrement et des infrastructures, le CLA a observé un grand manque de surveillants généraux sur tout le territoire algérien, ce qui a laissé certains établissements dans le désordre parce que dirigés par des intérims souvent non qualifiés. De plus, le manque d’adjoints de l’éducation est énorme et tous les établissements d’Algérie se plaignent de ce manque, ce qui augmente le degré de violence à l’intérieur des établissements scolaires. Le CLA a également précisé que la réforme des programmes est loin d’être une réussite. «Là encore, on laisse les choses telles quelles sont sans aucun changement, comme si la réforme était un succès alors qu’elle n’a jamais commencé. Seul le démantèlement des lycées techniques a été fait. Même si c’est l’une des plus grandes erreurs que l’Algérie ait commise depuis l’Indépendance», prévient encore le rapport du CLA.
Sonia B.
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