Conférence énergétique d’Alger : le mystérieux retour du groupe CWC
Une interrogation accompagne la conférence énergétique internationale qu’organise notre pays sur les opportunités d’investissement dans le secteur algérien de l’énergie et les possibilités de développement des gaz de schiste en Algérie. L’interrogation concerne l’organisateur du forum qui n’est pas inconnu des Algériens, puisqu’il s’agit du groupe CWC, organisateur d’événements énergétiques basé à Londres. Du temps où il était ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil avait enlevé, en 2008, à Sonatrach l’organisation de la 4e semaine de l’énergie et l’avait confiée à ce groupe de droit britannique avant d’être écarté, «injustement» selon CWC, de l’organisation du Congrès mondial de l’énergie GNL16 en 2010, à Oran, au profit d’ITE, une autre société britannique, spécialisée également dans l’organisation des événements dans le secteur de l’énergie. Y avait-il eu des irrégularités pour écarter CWC de ce contrat ? CWC revient donc en 2012 pour un événement dont le nom qui lui a été donné, Algeria Energy Forum, laisse supposer qu’il est appelé à se reproduire. La qualité des intervenants – le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, qui prononcera l’allocution d’ouverture, et les PDG de Sonatrach et Sonelgaz, acteurs publics majeurs dans le secteur énergétique – indique clairement le caractère officiel de la manifestation. Enfin, les visées politiques de ce forum sont évidentes quand on sait qu’il intervient au moment où le projet de nouvelle loi sur les hydrocarbures se trouve entre les mains des députés pour examen. De hauts responsables de compagnies énergétiques internationales, comme Didier Holleaux, PDG du groupe français GDF-Suez, et Jacques Manaud des Grottes, président Afrique du groupe Total, seront présents. La plupart des groupes et compagnies énergétiques activant en Algérie participeront à cette conférence à l’instar de Statoil, Repsol, Anadarko, Schlumberger, RWE et Talisman ainsi que les géants de l’industrie du solaire. Le programme de la conférence, organisé sur neuf séances, prévoit l’intervention de Halliburton, représenté par plusieurs responsables de projets de gaz de schiste, qui animera un atelier axé sur les défis et les opportunités de développement des gaz non conventionnels en Algérie. Rendez-vous important, qui coïncide avec un événement analogue qu’organise Chakib Khelil dans la Libye voisine. Saura-t-on un jour pourquoi l’ancien ministre, dont le nom est cité dans l’affaire Sonatrach et qui s’est rapidement converti aux affaires au lendemain de son limogeage, a écarté ce groupe pour être de nouveau sollicité par son successeur ? Beaucoup de mystères entourent encore le très névralgique secteur de l’énergie éclaboussé par un scandale qui n’a pas encore révélé tous ses secrets.
Lazhar Houari
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