Quand le pouvoir s’autopunit
Le coup d'envoi de la campagne des élections locales du 29 novembre est donné dans un climat d’indifférence rarement atteint pour ce type de scrutin, et si ce n’était la pose des panneaux d’affichage (pour faire connaître les 9 177 listes pour les APC et les 615 listes pour les APW) et le battage fait par les médias publics, surtout, et particulièrement la radio et la télé, personne, en dehors des principaux concernés, ne saurait que l’Algérie est entrée en campagne électorale. Et l’on se surprend à se demander qu’est-ce qui remplira les 2 122 salles, 943 stades, 960 espaces publics et 287 autres infrastructures prévues pour cette campagne. Pourtant, l’enjeu a de quoi mobiliser, plus que pour les législatives, nous dit-on. L'objectif de ce scrutin est d’élire les personnes qui seront appelées à gérer nos affaires quotidiennes. Les décisions que le maire et les élus locaux sont censés prendre devraient avoir une influence déterminante sur notre vie de tous les jours. La population le sait parfaitement mais ne montre aucun enthousiasme à l’approche de cette échéance. D’où cette impression de morosité qui se dégage du contexte électoral. Les raisons de la désaffection de l’électorat sont connues : mauvaise gestion locale dont les résultats sont perçus directement dans l’environnement immédiat – saleté, commerce informel envahissant, bureaucratie… Soit tous les ingrédients de la mal-vie. Quand on ajoute les bruits de corruption qui courent sur les élus et l’affairisme ambiant dans cette sphère, on comprend très bien pourquoi les Algériens sont si peu nombreux à croire aux élections locales et pourquoi les autorités, ainsi que les partis politiques engagés dans ce scrutin (au nombre de 52), craignent un taux d’abstention encore plus fort que lors des législatives du 10 mai dernier. La possibilité donnée aux jeunes d’être élus à partir de l’âge de 22 ans suffira-t-elle à combler le déficit de crédibilité des Assemblées populaires communales ? Rien ne permet de l’affirmer. En persistant dans sa politique de fausses réformes, le pouvoir s'enfonce un peu plus à chaque échéance électorale, en confirmant le désaveu de la majeure partie de la population qui ne croit plus en lui. Du coup, les élections se tranforment en une sorte d'autopunition.
Cherif Brahmi
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