Anesthésié ou à froid – Romney ou Obama ?
Si Romney avait été président, à n’en pas douter, le traitement aurait été diligent pour le patient, avec le risque que l’éclopé, non anesthésié, réagisse méchamment sur la table d’opération et se révolte avant que d’être asphyxié. Obama président, c’est différent, le patient chloroformé – anesthésié – subira l’ablation de son porte-monnaie sans trop souffrir ; il suffira de bien le contrôler au moment de s’éveiller.
Il y a effectivement des différences cosmétiques et politiques entre le parti démocrate et le parti républicain. La faction démocrate représente les capitalistes monopolistes industriels, le secteur des technologies nouvelles et la bureaucratie syndicale collaboratrice, alors que la faction républicaine représente les pétroliers, les banquiers, les capitalistes financiers et les sectes hystériques du «Bible Belt» ; tandis que les mafieux et les bandes criminelles se répartissant équitablement entre les deux formations.
Les Républicains pensent qu’il faut commencer par matraquer les ouvriers et les citoyens lambda, puis les assommer de propagande terrifiante à propos de la sécurité et de tous ces dangers suite aux crimes de guerre de l’armée américaine que les frères des assassinés souhaitent venger.
Les Démocrates préfèrent apaiser l’ouvrier, et lui présenter de multiples considérations compliquées, puis le chloroformer de promesses et de publicité, et à la fin seulement matraquer ceux qui restent révoltés.
L’élection de Romney aurait certainement soulevé inutilement les bobos indignés – vexés de ne pas être écoutés démocratiquement – futilement. Aucun doute que l’industrie de la pétition en série aurait fait de bonnes affaires. Des millions de bobos auraient barbouillé des dizaines de pétitions sur la violence faite aux canins, sur les aérosols et le pergélisol, sur la pollution par le son et les ions, sur la barbe du père Noël ainsi que pour exiger que la pauvreté soit stigmatisée (pétitions réellement observées sur le site mondial des pétitions). Quelques agités se seraient fièrement retrouvés au journal télévisé pour dénoncer les riches affamés de profits et pour les supplier de plus d’altérité.
L’élection d’Obama ne réglera rien mais elle calmera tout cela et dans quatre ans les experts patentés, les analystes sous-fifres et les thuriféraires déjantés viendront admettre en pleurnichant que finalement la révolution Obama n’aura pas eu lieu ni au premier ni au second mandat.
L’Amérique est en panne, elle vit en léthargie et son système économico-social ne sait plus progresser. Exit la prospérité et le refrain du rêve américain ! Finalement, les ouvriers lucides n’ont pas voté. Laissés pour compte, désœuvrés, attendant d’être employés – usés – exploités – puis mis au rebut, ils ont refusé d’être complices de leurs sévices. Le vrai gagnant est aux abonnés absents. Il a recueilli plus de 40 % des non-suffrages populaires (85 millions-abstentions), à travers les abstentions de gens ordinaires qui n’ont plus rien à perdre, même pas leurs illusions « démocratiques » et qui attendent patiemment que sonne le signal du soulèvement général des travailleurs salariés – sous-payés – des opprimés des sweat shops mal rémunérés, des maltraités de la restauration rapide et des grandes surfaces de distribution, des pressurés du tertiaire hypertrophié et des estropiés du secteur industriel comprimé et délocalisé.
Sous Obama, les milliardaires vont engraisser, ils l’auraient fait également sous Romney. Sous Obama, la dette souveraine va s’envoler, elle aurait gonflé tout autant sous Romney. Pendant quatre années Obama devra gérer la descente aux enfers d’un empire en déclin – une crise sur laquelle le gouvernement américain – démocrate ou républicain – n’a aucun pouvoir souverain.
Le prolétariat étatsunien le sait bien. Ce qu’il sait moins, c’est que lui seul possède la solution à cette gabegie. Quand il l’aura compris, c’en sera fini du mépris, à la condition que d’ici là il s’organise en tant que classe dominante pour exproprier le pouvoir politique des capitalistes.
Robert Bibeau