Le Maroc s’offre les services de lobbyistes américains
En proie à de graves difficultés internes, le Maroc s’offre les services de lobbyistes américains afin qu’ils maintiennent sa «précaire stabilité interne». Pour ce faire, le Palais utilise The Moroccan-American Policy Council (le Conseil politique maroco-américain), lancé en 2004, pour informer l'opinion publique américaine et internationale sur les développements nationaux et stratégiques dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord. En lui injectant de l’argent, le pays de Mohammed VI réussit à réorienter sa mission et à en tirer profit en œuvrant par tous les moyens à exercer une influence sur le Congrès américain pour que celui-ci ferme l’œil sur la gestion interne du pays en termes de démocratie et de liberté d’expression. Ce Conseil constitue une sorte de «protection politique» pour le Maroc vis-à-vis des grandes puissances occidentales, comme le souligne l’ONG Sun Ligth Foundation. Les membres de ce Conseil se sont déjà réunis plusieurs fois et ont rencontré 123 sénateurs en février dernier. Ce lobbying a permis au Maroc de réprimer «tranquillement» le mouvement du 20 février qui appelle à des réformes profondes pour la démocratie et la justice. D’ailleurs, les multiples protestations auxquelles a appelé ce mouvement ont toutes subi le même sort sans que la Maison-Blanche ni le Congrès ne réagissent. Ce Conseil travaille exclusivement à assurer la pérennité de la monarchie au Maroc. Par tous les moyens. Le gouvernement marocain a déboursé 2,3 millions de dollars en 2010 pour faire du lobbying et s’offrir d'autres services auprès de cabinets américains à l’influence redoutable. Ce Conseil s’est rattaché les services de deux grandes figures du lobbying aux Etats-Unis : Edward Gabriel, actuel directeur du centre, lequel a déjà servi comme ambassadeur au Maroc au début des années 80, et Fatima-Zohra Kurtz, considérée comme un membre influent de ce Conseil et qui a exercé comme conseillère politique à l'ambassade du Maroc. Souffrant d’un déficit budgétaire abyssal, le Maroc cherche depuis plusieurs mois des financements, notamment auprès de l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe. Quant au «déficit» démocratique, Rabat compte le cacher en montrant un visage propre du Maroc à travers ses lobbies qui, faut-il le dire, ont du pain sur la planche.
Sonia Baker
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