Optimisme démesuré
En estimant entre 40 et 45% le taux de participation aux élections locales du 29 novembre prochain, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, a, semble-t-il, placé la barre trop haut si on prend comme repère l’accueil que réservent les citoyens à la campagne électorale. Le taux atteint par les dernières législatives ne paraît pas être une bonne référence pour établir un pronostic sur le niveau de participation aux élections locales. Le ministre met, de cette façon, en très mauvaise posture les partis en lice dans ce scrutin, d’autant plus qu’il laisse entendre que si les électeurs montrent, par une forte abstention, une désaffection évidente à l’égard du jeu politique, ce serait à cause, non pas de l’administration, c’est-à-dire le pouvoir, mais des partis eux-mêmes. Dahou Ould Kablia fait preuve d’un optimisme démesuré mais, en même temps, il prend les devants au cas où son pronostic ne se réaliserait pas. La rupture, «si rupture il y a », envisage-t-il, serait, dans ce contexte, «entre le citoyen et les partis et non pas avec l'administration». La réalité est autre. Le raisonnement du ministre est difficile à admettre, car tout le monde connaît le poids qu’a pris l’administration dans la vie politique au point où certains la considèrent comme le parti politique le plus puissant en Algérie, en fait comme le parti du pouvoir en place. La désaffection des Algériens à l’égard des élections locales, dont l’enjeu, pourtant, est en rapport direct avec leur vie de tous les jours, ne signifie pas seulement un rejet des partis en lice mais aussi de l’ensemble du système politique dans lequel ils évoluent. Les citoyens ne dissocient pas la classe politique du système d’ensemble. Par contre, l’activisme des partis, s’il réussit à convaincre les électeurs d’aller aux urnes, peut contribuer à résorber la rupture entre l’administration, vue comme élément constitutif du pouvoir, et les citoyens.
Lazhar Houari
Commentaires
Les commentaires sont fermés.