La chaîne Al Jazeera aux Egyptiens : «Vous êtes des ingrats !»
La chaîne satellitaire Al Jazeera vient de subir, au Caire, un retour de flamme aussi incendiaire, au sens propre du terme, que ses urgents et autres commentaires qui visent à mettre le feu dans les pays arabes. Hier, en pleine guerre d’agression d’Israël contre Ghaza et sur la place Tahrir, hautement symbolique, les manifestants égyptiens ont attaqué au cocktail Molotov l'un de ses bureaux au Caire. Ils lui reprochent ses mensonges et son manque de professionnalisme et d’objectivité. En rendant compte, dans un communiqué, de cette attaque, la chaîne qatarie donne en fait raison aux Egyptiens qui ont laissé éclater leur colère contre elle. Dans ce communiqué, Al Jazeera commence par qualifier ce fait de «sans précédent», ce qui est un mensonge flagrant, puisque tout le monde sait que d’autres bureaux de cette chaîne ont déjà été la cible de manifestants dans les pays arabes. Le mensonge est encore plus gros quand la chaîne évoque le professionnalisme de son équipe de journalistes au Caire et ose parler de déontologie, alors que sur ce point aussi, ceux qui suivent Al Jazeera savent qu’elle est devenue un relais de propagande sioniste dépourvu de scrupule. Elle en a donné la preuve dans sa couverture de l’agression israélienne contre Ghaza et l’assassinat de civils, dont des enfants, qu’elle justifie en accusant le Palestiniens de tirer leurs roquettes à partir de lieux habités. Al Jazeera feint la surprise devant l’attaque de ses bureaux au Caire. Cet acte serait, d’après son communiqué, lié à une campagne d’incitation, et elle accuse ses auteurs d’ingratitude à l’égard de la chaîne qatarie qui a couvert les manifestations de la place Tahrir. Al Jazeera montre son vrai visage d’acteur politique caché derrière un masque de média, en citant, sur un ton démagogique, les messages de soutien de la part des «forces révolutionnaires» égyptiennes qu’elle aurait reçus après l’attaque de ses bureaux. Elle tente, par des formules démagogiques, de flatter le peuple égyptien et ses «forces révolutionnaires». Puis, elle passe carrément à l’injonction lancée aux autorités égyptiennes pour exiger qu’elles engagent des poursuites judiciaires contre «les agresseurs et les instigateurs» et assurent «la protection nécessaire à ses équipes opérant en Égypte». C’est la contrepartie qu’elle se croit en droit d’imposer aux autorités du Caire puisqu’elle paye une licence. De nouveau, le mensonge, quand Al Jazeera affirme qu’elle n’intervient pas dans les conflits politiques, mais couvre seulement les événements. Pis, elle ose annoncer « que quels que soient les sacrifices consentis, elle restera sur la même démarche basée sur l'impartialité, l'objectivité et le professionnalisme». L’aveu de partialité et d'absence totale d'éthique et de déontologie journalistique tombe à la fin de son communiqué comme le montrent les termes utilisés, à forte connotation politique et qui témoignent d'un engagement contraire à l'objectivité que les médias sont tenus de respecter.
Karim Bouali
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