Faillite politique

Les scandales sont un spectacle permanent dans la classe politique française. Ils ont le même mode d’alternance que le passage au pouvoir : du pôle gauche au pôle droit et retour, sans arrêt. Hier, c’était Dominique Strauss-Kahn, celui qui prétendait être le candidat du PS à la présidence de la République française, freiné dans son ambition par sa libido incontrôlable. Aux dernières nouvelles, il est occupé à encaisser le montant des «dommages et intérêts» gagnés dans les procès qu’il fait aux magazines people qui s’intéressent encore à sa vie privée. Maintenant, c’est le tour de la droite. D’abord, Nicolas Sarkozy, réputé pour son narcissisme débridé. A peine débarqué de la présidence de son pays, il est entendu par un juge d’instruction pendant douze longues heures pour une affaire de financement occulte de sa campagne électorale en 2007, une des nombreuses casseroles qu’il traîne derrière lui. Ensuite, ce sont ses anciens n°2 quand il était à la tête de l’UMP, Fillon et Copé, qui se battent comme des chiffonniers pour devenir n°1 d’un parti au bord de l’éclatement. En une semaine, l'UMP a réussi l’exploit de transformer un exercice de vote se voulant exemplaire en matière de démocratie interne en marche quasiment forcée vers le chaos, détruisant définitivement l’image publique d’un parti qui a à peine dix ans. Les humoristes français s’en donnent à cœur joie pendant que des milliers de militants UMP sentent la déconfiture et commencent à quitter le parti comme on abandonne un navire en naufrage, pour migrer vers le FN de Marine Le Pen et le tout nouveau UDI de Jean-Louis Borloo. C’est toute la déliquescence de la classe politique française qui s’étale sous les yeux du grand public, pour le moment dans son segment de droite. Mais il n’est pas dit que la gauche n’aura pas ses propres scandales à l'avenir comme elle en a eu par le passé (affaire Mazarine, relations suspectes de Mitterrand avec Vichy, suicide de Bérégovoy, etc.). Le spectacle n’est pas fini.
Lazhar Houari