Abdelmalek Sellal impose son style : discret, indépendant et sans langue de bois

Sans faire de bruit mais alternant réunions de travail et sorties sur le terrain, comme à son habitude dans les fonctions qu’il a occupées, particulièrement les départements ministériels où il est passé, Abdelmalek Sellal a vite imposé son style direct en tant que Premier ministre. «Chef de daïra ou Premier ministre, pour moi, c'est kif kif, l'essentiel c'est de mener ma mission à bien, là où je me trouve», a-t-il lancé en forme de boutade pour signifier qu’il n’est pas de nature à être grisé par cette nouvelle nomination. Ce qui compte pour lui, c’est sa mission et, à ce poste de coordinateur de l’action gouvernementale, il est décidé à la remplir. Indépendant de tout parti politique, technocrate et réputé honnête, sans casseroles qui traînent derrière lui, il ne craint pas de nommer les choses par leur nom. Fini les discours ampoulés, il préfère le langage direct et dénué de langue de bois. Les dernières déclarations de Sellal qui présagent un virage à 180° ressemblent, en somme, à une attaque indirecte contre les deux Premiers ministres qui l'ont précédé (Belkhadem et Ouyahia). Sa dénonciation vigoureuse des lourdeurs bureaucratiques tranche avec le laxisme passé. Il a demandé aux banques de s'ouvrir davantage aux investisseurs. Partant des tracasseries quotidiennes rencontrées par les citoyens avec les banques, il a recommandé à la Banque d’Algérie de procéder à l'élaboration d'un nouveau règlement qui définisse la manière de rendre fluide le système bancaire algérien. Le résultat ne s’est pas fait attendre. La Banque d’Algérie vient d’annoncer, par la voix de son gouverneur, la préparation de trois réformes bancaires visant, justement, la facilitation de l'ouverture des comptes au niveau des banques, l'impulsion des moyens modernes de paiement (qui ont tant tardé) et la densification du réseau bancaire notamment à l'intérieur du pays (encore très insuffisant). A la rencontre qui a regroupé, jeudi, à la résidence El-Mithak à Alger, le gouvernement, l’UGTA, les principales organisations patronales ainsi que le gouverneur de la Banque d’Algérie, il a tenu à faire valoir le pragmatisme dans la démarche et a étonné tout son monde en exigeant d’aller plus vite pour adhérer à l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Ayant connaissance des pratiques dilatoires qui «noient le poisson dans l’eau», il n’a cessé d’inviter ses interlocuteurs à éviter les longs discours et à aller à l’essentiel, «lisez-nous juste la conclusion», «faites l’effort de synthèse ». Son style direct a dû en importuner plus d’un, d’autant plus qu’il fait usage d’une rare franchise. Les entreprises aussi en ont pris pour leur compte : «Le recensement effectué par le gouvernement fait état de 15% seulement des entreprises qui sont connectées à Internet, 9% seulement ont une adresse mail.» Il estime, et il le dit, que c’est inadmissible, pour des entreprises qui prétendent être concurrentielles dans un contexte mondialisé, de ne pas maîtriser et de ne pas investir dans les nouvelles technologies. Sans complexe à l’égard de ceux qui se gargarisent de l’expression «économie rentière», il parle du développement «avec le pétrole». Sellal propose aux partenaires économiques et sociaux un pacte de croissance, l’ambiance générale de l’économie le permet, selon lui. Il paraît déterminé à aller de l’avant, le pourra-t-il ? Oui, à condition de le laisser travailler.
Cherif Brahmi
 

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