La face cachée de Marzouki
Moncef Marzouki, président provisoire de la République, et Rached Ghannouchi, leader du mouvement Ennahdha, sont partis tous deux à Londres pour recevoir un prix qui récompense leur rôle conjoint dans la vie politique tunisienne après la chute de l’ex-président Ben Ali. Cette information traduit bien le niveau de compromission de Marzouki qui va jusqu’à s’identifier à Ghannouchi. En fait, les deux ont en commun une tendance très forte à l’opportunisme qui conduit directement à des méandres dont la population tunisienne fait les frais. Voilà un homme qui voulait arriver à tout prix au Palais de Carthage et qui n’a pas hésité à se mettre au service des islamistes pour réaliser son rêve. Le président provisoire de la Tunisie n’a jamais caché son penchant défaitiste face à l’islamisme quand il déferle comme il le fait actuellement dans son pays. «Si des élections pluralistes doivent nous conduire dans un premier temps à vivre sous un gouvernement islamiste, nous devons l’accepter», déclare-t-il, feignant d’ignorer la nature du pouvoir islamiste qui est la négation de l’alternance démocratique au pouvoir. Fausse naïveté ou vraie hypocrisie, dictée par le pragmatisme-opportunisme, très fréquent dans la pratique politique, il donne l’impression, à des moments, d’abandonner la Tunisie aux islamistes qui sont au pouvoir. Il n’a aucune gêne à renier publiquement ses anciennes idées modernistes, en particulier concernant la place de la femme dans la société qui est un des enjeux des luttes actuelles en Tunisie. L’essentiel, pour lui, est d’être au palais présidentiel. Ayant longtemps présenté l’image d’un défenseur des droits de l’Homme à partir de l’exil, Moncef Marzouki a sans doute déçu nombre de ses partisans qui avaient l’illusion que le compromis qu’il a passé avec les islamistes ne se transformerait pas en compromission mais l’aiderait à mieux combattre les dérives des intégristes. Les faits les ont convaincus du contraire. Le président provisoire, comme aiment à l’appeler, avec ironie, les Tunisiens, reconnaît que les salafistes représentent un danger pour la Tunisie, en premier lieu, selon lui, sur l’économie, à travers leur impact sur les activités de tourisme qui sont une des principales sources de recettes extérieures du pays. Il sait que les salafistes, qui agissent à l’ombre d’Ennahda, veulent semer le chaos en Tunisie, mais il minimise leur force de nuisance. Pourtant, lui-même reconnaît que le laisser-aller inspiré par les salafistes dans leur lutte contre les institutions de la République se propage dans différents secteurs, faisant fi de l’autorité de l’Etat. Leur première cible : le secteur de l’éducation où ils encouragent l’émergence d’un enseignement religieux privé, non conforme aux programmes de l’éducation nationale. Alors, où va Marzouki ?
Lazhar Houari
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