Nouveau «gendarme» au Proche-Orient
Après l’étrange attentat de Tel-Aviv (le 21 novembre 2012), les bombardements meurtriers contre l’enclave assiégée et la trêve fragile imposée par Washington, nous sommes en droit de nous interroger sur les relations qui unissent l’Etat impérialiste israélien à sa puissance de tutelle américaine(1).
Après l’étrange attentat de Tel-Aviv (le 21 novembre 2012), les bombardements meurtriers contre l’enclave assiégée et la trêve fragile imposée par Washington, nous sommes en droit de nous interroger sur les relations qui unissent l’Etat impérialiste israélien à sa puissance de tutelle américaine(1).
Il fut un temps où les «experts» militaires au Proche-Orient qualifiaient Israël de «gendarme» de l’Otan au Levant. De fait, dans le passé, quand l’état-major américain souhaitait attaquer la Libye, la Tunisie, occuper le Liban, ou détruire le réacteur nucléaire de l’Irak ou de la Syrie, il pouvait compter sur les troupiers agressifs de leur allié israélien.
Curieusement, aucun «expert» n’a souligné les changements importants survenus dans la politique militaire récente du Pentagone et de l’Otan. Pourtant, ces bouleversements stratégiques au Proche-Orient sont évidents.
L’affaire débuta le 20 janvier 2010. Mahmoud Al-Mabhouch, un haut responsable militaire du Hamas, sans appréhension, sans protection et sans précaution, se rendit alors dans un hôtel de Dubaï, métropole des Emirats arabes unis, pour rencontrer 26 agents de services secrets étrangers. L’homme de guerre fut assassiné par ses invités à la fin de la soirée. C’est le quotidien israélien Haaretz qui s’empressa le lendemain d’attribuer l’attentat au Mossad(2).
En représailles pour ce meurtre non autorisé, les services policiers des Emirats arabes unis, hôte de la réunion secrète, dévoilèrent l’identité des agents rassemblés et l’origine de leurs faux papiers aimablement accrédités (Britanniques, Français, Allemands, Irlandais, Australiens), y compris de ceux des nervis du Mossad qui avaient commis le délit sans l’assentiment de la CIA(3).
Précédemment, plusieurs observateurs avaient noté que la dernière invasion israélienne contre le Sud-Liban (2006) s’était soldée par un échec cuisant aux mains du Hezbollah. Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, affirma après ce succès de la guérilla que l’armée sioniste avait perdu toute crédibilité auprès de ses alliés et qu’elle ne pouvait plus se permettre la moindre embardée.
Par la suite, l’Etat hébreu «courageux» se spécialisa dans l’assassinat ciblé d’enfants palestiniens, l’arraisonnement en eaux internationales de rafiots humanitaires affrétés par des pacifistes débonnaires et dans le massacre au phosphore blanc de populations civiles dans Ghaza assiégée. Autant de «hauts faits d’armes» qui ne semblent pas avoir impressionné ses alliés déconcertés.
Aussi, quand Sarkozy ordonna d’attaquer la Libye afin d’y chasser Kadhafi et d’y substituer un pantin à sa main, personne ne songea à inviter l’armée israélienne déshonorée(4). De même quand il fut question de scissionner le Soudan, de renverser le gouvernement du Yémen, de réprimer la population du Bahreïn ou d’ébranler Bachar Al-Assad en Syrie, chaque fois l’Otan fit appel à l’Arabie et surtout à l’émirat du Qatar pour jouer le comploteur, le créancier, l’armurier et le flibustier.
Contre l’Iran, Washington ne compte nullement sur Tsahal et recrute présentement une sainte alliance comprenant la Turquie, l’Arabie, le Qatar et quelques autres pays musulmans pour harceler l’Etat persan.
Les tractations de coulisses entre Mahmoud Abbas de l’Autorité sans autorité et l’émir du Qatar qui s’est pavané à Ghaza au bras de Khaled Machaâl du Hamas, exilé en Jordanie après avoir trahi la Syrie qui lui donnait asile depuis une décennie, laissent penser que le nouveau «gendarme» des Etats-Unis au Proche-Orient aura un rôle à jouer dans la trahison prochaine de la cause palestinienne(5).
Tout ceci n’est pas sans effrayer Benjamin Netanyahou et la clique sioniste bien consciente que leur puissance de tutelle s’apprête à les larguer s’ils ne parviennent pas à s’adapter à la nouvelle conjoncture internationale.
L’impérialisme américain en déclin vogue vers son destin en mer de Chine et il abandonne derrière lui un petit réduit impérialiste au fond de la Méditerranée qui demain comptera pour moins que rien dans les affaires internationales. L’émirat du Qatar et ses milliards de dollars feront un meilleur adjudant au Proche-Orient, du moins pour un temps.
Robert Bibeau
(1) Etrange attentat à Tel-Aviv. 21.11.2012. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/11/21/explosion-dans-un-bus-a-tel-aviv_1793619_3218.html
(2) Lire les deux précédents articles sur la récente agression israélienne contre Gaza : Pourquoi l’agression israélienne contre Gaza ? 21.11.2012 http://les7duquebec.org/7-au-front/pourquoi-cette-agression-israelienne-contre-gaza/ La trêve. 23.11.2012. http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-treve-126384?pn=1000
(3) Robert Bibeau. Le Hamas à la croisée des chemins de la résistance. 1.03.2010. http://www.robertbibeau.ca/palestine/hamas.doc
(4) Robert Bibeau, Le Hamas à la croisée des chemins de la résistance. 1.03.2010. http://www.robertbibeau.ca/palestine/hamas.doc
(5) Robert Bibeau, La «rasque» française en Libye. 5.10.2011. http://www.mondialisation.ca/la-rasque-fran-aise-en-libye/26939 http://www.palestineinfo.cc/fr.