Panique à Rabat
Les autorités marocaines ont été, ces jours-ci, à nouveau, dérangées dans leur plan d’annexion du Sahara Occidental, mais cette fois par un frémissement insoupçonné venu de la lointaine Suède. Ce qui a provoqué une véritable panique dans le sérail, c’est la demande du Parlement suédois faite au gouvernement de ce pays pour qu’il reconnaisse la Rasd. Les tenants de l’occupation marocaine ont bien tenté de minimiser ce camouflet en invoquant le fait que la demande du Parlement suédois n’équivaut pas à une reconnaissance de la Rasd qui relève de la compétence du gouvernement. Mais le Maroc a tout à fait raison de ne pas sous-estimer le petit geste de solidarité des Scandinaves. Sa signification dépasse la valeur symbolique, elle traduit l’audience de plus en plus étendue de la cause sahraouie dans le monde. Membre de l'Union africaine, faut-il le rappeler, la Rasd est déjà reconnue par plus de 80 pays à travers le monde, dont, notamment, l’Afrique du Sud, le Nigéria, l'Algérie, le Venezuela et le Mexique. La Suède pourrait ouvrir la voie de l’Union européenne à la reconnaissance de la Rasd et permettre à celle-ci de franchir un pas de plus vers la décolonisation de son territoire. En Suède, tout le monde le sait, les députés sont représentatifs et très scrupuleux à l’égard du mandat que leur donnent les électeurs. S’ils prennent une telle position politique sur cette question de dimension internationale et concernant un des derniers conflits de décolonisation, c’est qu’ils sont sûrs de traduire l’avis de leurs électeurs. On peut en conclure que l’opinion publique suédoise est majoritairement en faveur de la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l’autodétermination. On comprend la satisfaction affichée par le gouvernement sahraoui quand il a appris cette nouvelle. Et, en face, plus que le dépit chez la diplomatie marocaine devant cette défaite.
Lazhar Houari