Les résidus du «qui tue qui ?» font pression sur Hollande
Le président français François Hollande est décidé d’évoquer avec le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika toutes les questions en suspens, même celles qui «fâchent», lors de sa visite d’Etat programmée pour le 19 décembre. Interrogé à Bruxelles sur les sujets qui feront l’objet de discussions lors de sa première visite en Algérie en tant que président, François Hollande a répondu sur un ton tranchant qu’il traitera de «tous les sujets», y compris de l'enquête sur l'assassinat par les hordes intégristes en 1996 des sept moines trappistes de Tibhirine. «Je parlerai avec les autorités algériennes, avec le président Bouteflika, de tous les sujets», a dit Hollande lors de la conférence de presse à l'issue du sommet européen, en réponse à l’interpellation de l'avocat des parties civiles dans l'affaire des moines de Tibhirine. François Hollande a été, en effet, appelé par Me Patrick Baudouin à intervenir auprès des autorités algériennes «pour que puisse progresser la légitime recherche de la vérité» dans cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre. Dans une tribune publiée dans le quotidien La Croix, cet avocat revient sur l'instruction menée par le juge parisien Marc Trévidic sur l'enlèvement et l'assassinat des sept moines de Tibhirine dont la réussite, d’après lui, «reste suspendue à la coopération des autorités algériennes». Le président Hollande est donc appelé à discuter avec Bouteflika de cette question et de la «nécessité de la coopération des autorités algériennes dans l'exécution de la commission rogatoire internationale». Cet avocat fait partie des résidus du «qui tue qui ?» nés durant la décennie de terrorisme qui a secoué notre pays. Plusieurs enquêtes ont été menées et des rapports ont été élaborés, notamment par la DST, sur l’assassinat de ces sept moines. Toutes les données recueillies ne faisaient que confirmer l’exécution des religieux français par les terroristes du GIA qui infestaient la région de Médéa, où se trouvait leur monastère. La thèse d’une bévue de l’armée algérienne a été démentie par les résultats de plusieurs enquêtes menées par des journalistes français – connus pourtant pour leur hostilité envers le pouvoir algérien –, dont Florence Aubenas du Nouvel Observateur. Elles avaient été également rejetées par des responsables français de l’époque, dont Yves Bonnet, qui était directeur de la DST (Direction de la sécurité territoriale. L’entêtement de l’avocat des victimes et du juge instructeur de l’affaire, Marc Trévidic, obéit-il à d’autres considérations que la recherche de la vérité sur cette affaire dramatique ? L’avenir nous le dira.
Sonia Baker
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