Crise au Mali : le coup de gueule d’un responsable politique français
Philippe Pellegrini, responsable au sein du Parti communiste français, exprime vivement sa colère contre le traitement par la presse française de la crise malienne. Fort de sa longue expérience dans ce pays du Sahel qu’il connaît si bien pour y avoir séjourné plusieurs fois, il affirme que la presse de son pays ne dit pas toute la vérité sur la crise au Mali. «Je reviens en effet de mon sixième voyage au Mali depuis 2004. Le traitement de l’actualité malienne en France est partiel et partial. Il ne permet pas d’appréhender la situation», peste-t-il dans une interview publiée dans Le Patriote, hebdomadaire progressiste de la Côte d’Azur. Ce responsable au PCF estime ainsi que les médias français se sont enfermés dans des clichés et des a priori, abandonnant toute recherche de la vérité qui nécessite des déplacements sur le terrain. Ce traitement tendancieux de la crise malienne s’explique en partie, selon lui, par ce désert médiatique au Mali. «Il faut savoir qu’il y a moins de journalistes occidentaux dans la totalité de l’Afrique subsaharienne que dans la seule ville de Jérusalem ! D’ailleurs, si ces événements malheureux n’existaient pas au Mali, on ne verrait pas ce pays à la richesse culturelle gigantesque présent dans les journaux européens», soutient-il. Il rappelle, dans ce sillage, l’existence d’universités sur le territoire actuel du Mali avant même qu’il y en ait eu en Europe. Pour M. Pellegrini, la vérité est que la grande majorité des Maliens qui fêtaient leur cinquantenaire d’indépendance en 2010, «l’intégrité territoriale apparaît comme un devoir et une priorité face à ce qui est ressenti, non sans légitimité, comme une occupation étrangère sur les deux tiers de la superficie du pays». Cela, précise-t-il, n’empêche pas que ces mêmes Maliens s’interrogent sérieusement sur cette histoire d’intervention militaire étrangère. «Encore faut-il savoir de quelle intervention l’on parle. Celle de la seule armée malienne ? Des pays de la Cédéao ? Ou de l’appui des Occidentaux ?» se demande-t-il lui aussi, invitant par la même les journalistes français à aller sur le terrain chercher la vérité sur ce conflit extrêmement complexe et difficilement cernable.
Sonia B.
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