La couche de trop
C’est à l’occasion de visites de chefs d’Etat appelés à passer par Alger que l’on se rend compte qu’il manque quelque chose à notre capitale pour qu’elle reçoive dignement ses invités de marque. Cette impression est plus forte quand il s’agit d’accueillir le président de l’ancien pays colonisateur, la France. Il fut un temps où Alger la Blanche, capitale de l’Algérie indépendante, était propre et calme. La nature l’a dotée d’un site magnifique et d’un climat presqu’idéal, architectes et urbanistes ont constamment fait le reste avec plus ou moins de bonheur. Mais l’incivisme des uns et l’incurie des autres, montés crescendo ces dernières années, ont gâché le tout en portant un coup fatal au rayonnement d’El-Bahdja. La saleté et le bruit l’ont envahie. Alors, à la veille de la venue d’un chef d’Etat, on se met, à la hâte, jour et nuit, balai et marteau piqueur à l’appui, à rafistoler ce qui peut l’être. C’est la règle dans le pays depuis quelque temps : ou bricoler dans l’urgence, ou tirer des plans sur la comète. On sait faire les deux et dans les deux cas, on laisse une œuvre inachevée, rarement à terminer, toujours à recommencer. Le pire, c’est quand les lubies deviennent indiscutables. Alger est pleine de ratages qui le prouvent. Maintenant, les Algérois veulent voir pour croire. Des panneaux géants judicieusement placés annoncent des transformations qui feront d’Alger une capitale harmonieusement intégrée au Bassin méditerranéen et qui sera la fierté des Algériens. Cette ville que l’on nous promet pour 2029 (et non 2030 qui sonne trop bicentenaire de l’occupation coloniale) fait déjà rêver. En attendant ce jour, que demande Alger ? Il suffit d’y faire un tour à pied pour le savoir : des trottoirs bien faits, des jardins publics entretenus, des cités d’habitation débarrassées des ordures, évidemment des rues propres, pas de bruit intempestif, rien qui exige un gros budget ou des génies en urbanisme. De toutes petites actions. C’est tout.
Cherif Brahmi
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