Neuf ONG écrivent à François Hollande
Des organisations de défense des droits de l’Homme, des associations de victimes du terrorisme et des syndicats autonomes ont bien trempé leurs plumes dans l’encrier pour interpeller le président François Hollande sur la situation des droits de l’Homme et des libertés en Algérie. A la veille de sa visite d’Etat de deux jours en Algérie, le président français a été destinataire d’une lettre ouverte signée par neuf ONG algériennes. Ces organisations (Snapap, Raddh, LDH, Remdh, Fidh, Acda, CFDA, Cisa et Laddh) dénoncent dans cette missive «les atteintes aux droits de l’Homme, à la liberté de se rassembler, de marcher et de protester». Ils énumèrent plusieurs cas «de harcèlements et d’abus de pouvoir subis par des militants pour la démocratie et des syndicalistes, la répression policière, l’interdiction injustifiée de manifestations et réunions publiques, le recours à des pratiques administratives abusives entravant la création et le fonctionnement des associations et des syndicats autonomes». Des atteintes, assurent-ils, qui sont en contradiction avec la loi fondamentale. «Plusieurs lois promulguées en janvier 2012 et présentées comme des réformes démocratiques sont en réalité une régression des libertés publiques, en particulier la loi n° 12-06 qui rend plus difficile la création, le financement et le fonctionnement quotidien des associations et la loi n° 12-05 sur l’information qui entrave l’indépendance des journalistes et la liberté d’opinion et de publication», écrivent-ils. Ces ONG évoquent également dans leur courriel «l’impunité des auteurs de violations graves et massives contre des droits de l’Homme». Elles enchaînent sur les questions de l’Histoire et de la mémoire en demandant à François Hollande de faire un geste de «dénonciation du système colonial et des crimes commis durant les 132 ans de colonisation» dans le seul but de permettre une écriture apaisée et dépassionnée de l’histoire commune. La libre circulation des personnes et le droit de vote des étrangers aux élections locales françaises ont été également relevés dans cette lettre. «La France serait mieux entendue si elle cessait de pratiquer une politique entravant la liberté de circulation des Algériens à l’intérieur de ses frontières, comme dans les autres pays européens», soutiennent-elles, estimant que ces difficultés auxquelles sont confrontés de nombreux Algériens sont ressenties comme «un profond mépris». Ces ONG invitent ainsi le président Hollande à œuvrer à assurer une libre circulation des Algériens sur le sol français et dans tout l’espace Schengen.
Sonia B.
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