Rebrab à France 24 : «J’aimerais investir à l’étranger, mais…»
L’homme d’affaires algérien Issad Rebrab se plaint, dans un entretien à France 24, de ne pouvoir faire sortir d’Algérie les devises de son groupe Cevital, pour les placer à l’étranger dans des investissements, en Afrique – dans l’agriculture, si les terres et le marché sont disponibles, précise-t-il – et en France, sans dire dans quel créneau. Pour le moment, il n’a pas d’autres moyens de financer les projets d’investissements à l’étranger de Cevital, ni Banque mondiale, ni Fonds d’investissement, ni autre institution internationale. Issad Rebrab semble, en revanche, satisfait des affaires qu’il a réalisées en Algérie comme le montre le taux de croissance de son Groupe, à deux chiffres, «34% annuellement», fait-il remarquer avec fierté. Entre 1999 et aujourd’hui, le chiffre d’affaires de Cevital est passé de 50 millions de dollars à 3,3 milliards de dollars, ajoute-t-il sur le plateau de la chaîne satellitaire française. Cevital, premier Groupe privé algérien, emploie actuellement 12 800 personnes alors que l’effectif n’était que de 728 en 1999, fait-il encore observer. Aucun secteur ne semble fermé à Cevital qui compte, selon Issad Rebrab, 25 entités opérationnelles. Dans l’industrie agroalimentaire, la liste paraît interminable : sucre, huiles végétales, margarines, eau minérale, boissons gazeuses, jus de fruit. Mais aussi dans la production de verre plat, dans la concession automobile… Issad Rebrab se tourne maintenant vers l’agriculture parce que, explique-t-il, la crise alimentaire risque d’arriver dans les prochaines années. D’où l’idée d’investir dans les pays africains, «là où il y a des terres et des marchés», dit-il. Pour lui, la sécurité alimentaire est le problème n°1. Il revient sur le chemin parcouru depuis les années 1970 où, rappelle-t-il, l’entreprise privée était à peine tolérée. «Aujourd’hui, nous sommes acceptés mais pas encore encouragés», déplore-t-il. «Après plusieurs décennies de socialisme, constate-t-il, nous avons encore des réformes économiques qu’il faudrait faire pour parfaire l’entreprise privée en Algérie.» Il trouve qu’avec le nouveau gouvernement, il y a des signes encourageants. A la veille de la visite du président français, François Hollande, dans notre pays, il dit attendre un partenariat d’exception entre l’Algérie et la France. Il estime que si la France pouvait accompagner l’Algérie dans son développement, notre pays aurait une croissance à deux chiffres et les entreprises françaises tireraient profit de ce taux de croissance, elles aussi, en tant que fournisseurs. Enfin, le dernier mot du patron algérien a été pour manifester presque son indifférence pour la politique, même s’il est présent dans le champ médiatique à travers son journal Liberté. Le métier de bâtisseur, de créateur d’emplois, lui convient mieux, tient-il à souligner.
Kamel Moulfi
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