Franchira-t-il le pas ?
Troisième président français à effectuer une visite dans notre pays, François Hollande est accompagné d'une forte délégation de 200 personnes dont près de la moitié, 90 précisément, sont des journalistes. Le nombre impressionnant de journalistes ne surprend pas quand on connaît la place que l’Algérie occupe dans la vie française, particulièrement aux plans historique, sur lequel pèsent les lourdeurs du passé colonial de la France, et économique, marqué par des échanges pas toujours aussi «gagnant-gagnant» qu’on veut le faire croire. Personne, parmi les médias français, ne veut rater la «différence» que François Hollande voudra sans doute imprimer à sa visite par rapport à celles des deux autres présidents qui l’ont précédé dans le voyage à Alger. En fait, les journalistes français viennent voir si ce qu’ils ont annoncé dans leurs médias va se produire. D’abord, sur le chapitre de l’histoire, le mémoriel comme on l’appelle, pratiquement symbolisé aujourd’hui par l’affaire Audin. En condamnant l’assassinat de Maurice Audin, sous la torture, par les parachutistes français, François Hollande franchirait le pas qui le sépare de la reconnaissance des tortures et des exécutions sommaires pratiquées par l’armée française contre les Algériens durant notre guerre de Libération. Le fera-t-il dans un des discours qu’il va prononcer durant ces deux jours ? Au plan économique, le symbole de l’avancée dans les relations entre les deux pays, c’est, évidemment, la signature du contrat de construction de véhicules, annoncée par Abdelmalek Sellal, Premier ministre, puis confirmée par le constructeur français. Mais, dit-on côté algérien, il ne faut pas donner au projet Renault plus d’importance qu’il en a réellement. Où sera le caractère exceptionnel de la visite de François Hollande, préparée par un carrousel de ministres français qui ont fait le déplacement à Alger ? La centaine de journalistes français seraient-ils venus pour rien ?
Lazhar Houari
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