Hollande : «Je reconnais les souffrances que le système colonial français a infligées au peuple algérien»
François Hollande a dénoncé, ce jeudi à Alger, le système colonial «profondément injuste et brutal» au deuxième jour de sa visite d'Etat en Algérie, entamée hier. «Je reconnais ici les souffrances que le système colonial français a infligées au peuple algérien», a déclaré l’hôte de l’Algérie dans un discours devant les deux Chambres du Parlement. «La vérité, elle n'abîme pas, elle répare. L'Histoire, même quand elle est tragique, douloureuse, elle doit être dite», a-t-il souligné. «Nous avons le respect de la mémoire, de toutes les mémoires. Nous avons ce devoir de vérité sur les violences, sur les injustices, sur les massacres et sur la torture», a assuré M. Hollande. Connaître et établir la vérité est une «obligation», a-t-il estimé, relevant l'importance de laisser les historiens accéder aux archives. Il a plaidé, à ce sujet, pour qu'une coopération dans ce domaine puisse être engagée «progressivement, afin que cette vérité puisse être connue de tous». Le président français a indiqué qu'il se rendra, dans l'après-midi de jeudi à Tlemcen, «ville de Messali El-Hadj», l'un des fondateurs du nationalisme algérien. Avant cela, il devra se recueillir devant la plaque commémorative de Maurice Audin, disparu en juin 1957 durant la Bataille d'Alger.
Par ailleurs, M. Hollande a promis de «faciliter» l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). «La France fera tout pour faciliter l'adhésion de l'Algérie à l'OMC», a-t-il affirmé dans son intervention au forum d’affaires algéro-français qui se tient en marge de cette visite. L'adhésion de l'Algérie au système commercial mondial «renforcera les échanges entre les deux pays», a estimé le chef d'Etat français. L'Algérie est engagée dans le processus d'intégration au système commercial mondial depuis juin 1987, date du dépôt de la demande officielle d'adhésion au GATT (accord général sur les tarifs et le commerce), ancêtre de l'OMC. Toutefois, les négociations n'ont commencé concrètement qu'à partir de juillet 1996.
Concernant la crise malienne, le président Hollande a exprimé sa «confiance» en l'Algérie pour mener toutes les négociations politiques en vue d'une solution à cette crise. «Je fais confiance à l'Algérie pour mener (…) toutes les négociations et discussions politiques en plein accord avec la France», a affirmé M. Hollande dans le discours prononcé devant les membres du Parlement algérien. Le président français a souligné, à ce propos, que son pays et l'Algérie partagent deux volontés «qui ne se discutent pas, la première favorise, a-t-il dit, la négociation politique et le dialogue afin que toutes les parties prenantes, qui respectent l'unité du Mali et n'acceptent pas le terrorisme, puissent se retrouver ensemble avec des voies permettant aussi une certaine reconnaissance de la spécificité du Nord-Mali». «Notre deuxième volonté, c'est de poursuivre cet effort de négociation politique et de montrer, en même temps, une détermination», a-t-il souligné, ajoutant que cette détermination doit être affichée par la communauté internationale et non pas par la France «qui n'est plus dans ses interventions d'hier». M. Hollande avait affirmé mercredi au cours d'une conférence de presse que l'Algérie jouait un rôle «très important» à la fois pour lutter contre le terrorisme, mais aussi pour favoriser les négociations politiques dans le traitement de la crise malienne. Il a nié, dans ce contexte, l'existence de divergence de vues entre l'Algérie et la France sur le règlement de cette crise, soulignant qu'«en France comme en Algérie, nous sommes pour les négociations et nous sommes pour la lutte contre le terrorisme».
R. N.
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