Non, ils râlent !
Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a fait une «confidence» à des journalistes sur un domaine de souveraineté de l’Algérie, l’énergie, et sur une question, le gaz de schiste – très sensible et en débat chez nous. «La France et l'Algérie, aurait-il dit, vont prochainement signer un accord permettant des recherches françaises sur le territoire algérien dans le domaine de l'exploitation des gaz de schiste.» Le magazine français qui donne l’information, Le Point, enfonce le clou, avec le plus grand cynisme et sur un ton ouvertement provocateur, en affirmant que «les Algériens, eux, ne risquent pas de râler». On sait que certains médias français ont été fortement déçus que les Algériens aient été les seuls à ne pas avoir fait un «printemps arabe» chez eux, c’est-à-dire créer l’instabilité et le chaos dans leur propre maison, et que cela est dû non pas à leur esprit de responsabilité et à leur patriotisme, mais à de l’apathie. Concernant le gaz de schiste, et pour information, il faut rappeler que les Algériens, à travers «leurs» spécialistes et écologistes, ont exprimé des réticences et parfois carrément une opposition à l’exploitation de cette énergie dans notre pays. La protestation a pris diverses formes après l’annonce du forage du premier puits de gaz de schiste, en juin dernier, dans le bassin d'Ahnet, dans le sud d'In Salah (sud-ouest) avec le concours de la Royal Dutch Shell. Encore que cette opération vise plutôt à aider à mieux estimer les réserves. Les autorités, par la voix de membres du gouvernement, tentent de rassurer à propos des risques sur les ressources en eau et sur l’environnement, certainement pour préparer l’opinion à accepter que l’Algérie s’engage dans ce qui s’apparente à une aventure dont la voie serait ouverte, d’après ce qu’en dit la presse, par le projet de loi sur les hydrocarbures s’il est voté tel quel par l’APN. La «confidence» du ministre français des Affaires étrangères ne serait-elle qu’un autre ballon sonde ?
Cherif Brahmi