Le SG du syndicat de Naftal : «Nous irons très loin !»
Rien ne va plus entre Sonatrach et sa filiale de distribution et de commercialisation de carburants. Après avoir dénoncé un plan de mise à mort, le syndicat de Naftal hausse le ton. «Par les lois de la République, nous comptons aller loin, très loin même afin de faire entendre notre voix», a tonné Sid-Ali Beldjerdi, secrétaire général du syndicat de Naftal. Dans un regroupement organisé aujourd’hui à l’hôtel Seybouse dans la wilaya d’Annaba, M. Beldjerdi a battu en brèche ce fameux plan en gestation, conçu par «des responsables à la Sonatrach», qui vise la destruction de Naftal. Avec son verbe acéré, Sid-Ali Beldjerdi a appelé les travailleurs à se mobiliser autour de leur entreprise pour «faire face à toutes les convoitises et les desseins qui ne cadrent pas avec les intérêts de Naftal». Ce regroupement s’inscrit dans la continuité de la session du conseil national, lors de laquelle le syndicat avait vivement dénoncé «une mise à mort programmée» de Naftal par la maison mère Sonatrach. Le plan consiste en la création par Sonatrach de son propre réseau de distribution et de commercialisation de carburants et de lubrifiants. Un réseau géant de stations-service qui vise directement Naftal, aux yeux du syndicat. Sonatrach a inscrit parmi «ses priorités» la réalisation de ces stations intégrées, de grande capacité pour «soi-disant satisfaire à la fois la demande et sécuriser les approvisionnements du pays». «Comme si Naftal, relève-t-il, n’était pas en mesure de le faire.» Pour M. Beldjerdi, aucune raison économique ne peut justifier un tel investissement de la maison mère, alors qu’elle dispose d’une grande filiale dédiée à cette activité. Il se demande pourquoi Sonatrach n’œuvre pas à améliorer ses capacités de raffinage au lieu de chercher à développer un réseau de commercialisation «parallèle» à celui de sa propre filiale. «Nous sommes désolés de rappeler que la question de renforcement des capacités de raffinage est cruciale et qu’il n’y a pas lieu de la détourner et mettre en avant une autre question subsidiaire. Nous devons avoir le courage de poser les vrais problèmes pour trouver les vraies solutions et ne pas nous en détourner», a-t-il soutenu. «Veut-on déposséder Naftal de cette activité ?» s’interroge-t-il, avant de réaffirmer sa détermination à y faire face. «Face à cette situation, nous devons opposer et imposer notre volonté et notre solidarité pour préserver Naftal de toute éventuelle tentative de démantèlement», a-t-il souligné, sous un tonnerre d’applaudissements de centaines de syndicalistes craignant pour l’avenir de leur entreprise. «Devrons-nous nous laisser dicter des décisions et autres orientations qui anéantissent la raison d’être et les intérêts de Naftal ? Sommes-nous obligés de nous résigner au sort décidé à Naftal ? Devons-nous être témoins de la mort de notre entreprise et rédiger nous-mêmes son acte de décès ?» se demande-t-il, encore, avant d’assurer que l’heure «n’est nullement à la résignation». Le premier responsable du syndicat d’entreprise refuse que Naftal joue un simple rôle de figurant économique pour, ensuite, la laisser agoniser au bonheur des prédateurs économiques «qui se sont autoproclamés opérateurs et investisseurs». Pour étayer ses propos, M. Beldjerdi a énuméré toutes les contraintes subies par Naftal au profit de «pseudo-opérateurs» privés. Il relève, entre autres, le fait que Naftal soit la seule à être soumise au système de péréquation qui consiste à distribuer et vendre au même prix tous ses produits sur l’ensemble du territoire national. De même, étant propriété de Sonatrach, Naftal n’a de fournisseur pour les produits de grande consommation qu’elle commercialise que sa maison mère. De ce fait, elle ne peut faire appel à un autre fournisseur pour répondre à sa demande toujours en forte croissance. Mais, étonnement, Sonatrach, a-t-il affirmé, favorise d’autres opérateurs privés, des concurrents de sa propre filiale. Une démarche qui met en danger l’avenir de Naftal. «Nous disons non au bradage de Naftal ! Non à l’affaiblissement de Naftal par une concurrence déloyale ! Non au désintérêt face aux problématiques posées par Naftal !» La tension monte entre Naftal et sa maison mère qui se mure dans un silence total. Naftal emploie actuellement 30 000 travailleurs. Une «armée» que le syndicat compte mobiliser pour sauvegarder cette entreprise.
Sonia B.
Comment (7)