Loin du citoyen
En droite ligne de l’élection législative du 10 mai et de l’élection locale du 29 novembre, marquées toutes deux, on le sait, par une indifférence qui s’est traduite par des taux d’abstentions élevés, le renouvellement des membres du Sénat ne pouvait guère faire mieux en termes d’audience. Par les intrigues qui l’ont entourée donnant lieu à des alliances sans doute «sonnantes et trébuchantes» comme les sommes d’argent qui les commandent, cette opération avait quelque chose de l’élection de présidents d’APC dont personne ne sait aujourd’hui à quoi elle a abouti dans les communes où la mascarade a été médiatisée. La différence entre une APC et le «machin» appelé Chambre haute est dans la proximité géographique, voire administrative avec le citoyen. Le Sénat est loin du citoyen en tous points de vue et il s’en est éloigné encore plus depuis que l’argent de la chkara se mêle des élections. A quoi sert le Sénat, d’ailleurs, à part approuver ce qui a déjà été voté à l’Assemblée populaire nationale ? Il y a de quoi s’interroger sur l’utilité de deux paliers, tous deux formels, pour faire voter les lois préparées par le gouvernement. Des lois qui, par la suite, restent, dans beaucoup de cas, inappliquées. Les images des séances du Sénat retransmises à la télévision montrent systématiquement un hémicycle clairsemé. Mais alors pourquoi cette course au Sénat ? Elle s’explique, de toute évidence, par les avantages «comparatifs» que la loi a donnés à cette institution par rapport à l’APN. Le mandat est de six ans et on y accède sur un mode qui ne comporte aucun ou très peu de risques, selon que le sénateur est désigné par le président de la République (le tiers présidentiel) ou pour les élus APC ou APW, par l’élection au suffrage indirect et secret (seuls les membres des APC et APW votent). Quelle chance !
Cherif Brahmi
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