Obélix change de camp
La dernière sortie de l’acteur français naturalisé russe, Gérard Depardieu, a eu l’effet d’une bombe atomique : «La Russie est une grande démocratie», a-t-il lancé à toute cette classe politico-médiatique française obnubilée par le modèle politique occidental bâti sur l’avarice et la vanité. Depardieu a recraché ce qu’il a dans le ventre depuis ses premiers pas dans le cinéma. Au fond de lui-même, bien que paraissant comme un épicurien invétéré, cet homme, qui croque la vie à pleines dents tout en se négligeant sciemment, en avait ras-le-bol de cette société hypocrite où tout doit être moulé, modelé selon des codes préétablis au-delà desquels on cesse d’être civilisé, poli, sociable. Gérard Depardieu a donné un coup de pied dans cette termitière pensée et conçue par l’aristocratie sous l’ère d’empires anciens dont les traits transparaissent encore dans les sociétés occidentales actuelles par atavisme. Tout ce qui ne ressemble pas à l’Occident est une hérésie, un comportement contraire à ce qui est communément admis. En l’espèce, le crime de lèse-majesté est le fait d’une grosse pointure du cinéma, adulée par des millions de Français. Aussi, cela est-il perçu comme une atteinte au principe fondateur même de tout un système politique et social imposé au reste du monde comme LE seul et unique modèle universel. En se faisant accueillir comme un réfugié par l’ancienne Moscovie, celui qui a incarné le Gaulois Obélix à l’écran remue le couteau dans la plaie de l’histoire. C’est que la Russie, jadis hostile à la révolution française, a chassé de Moscou une armée de Napoléon décimée par la faim et occupé Paris. Sans le vouloir, Gérard Depardieu a réveillé des souvenirs que les Français croyaient à jamais effacés et que les médias et la classe politique tentent d’envelopper dans un banal problème d’impôt.
M. Aït Amara