Les sans-papiers accusent le consul d’Algérie à Lille
Le comité des sans-papiers du nord de la France adresse une lettre ouverte au président Bouteflika, aux députés, aux sénateurs et aux représentants des forces politiques pour dénoncer en premier lieu l’attitude du consul algérien de Lille. Pour ce comité, ce consul était «complice» de l’expulsion d’Algériens en grève de la faim depuis 59 jours dans cette ville du nord de la France. «En acceptant de délivrer un laisser-passer, le consul s’est objectivement fait le complice de la mise en danger d’un de ses concitoyens. L’état de santé d’un des grévistes est tel qu’il a dû être hospitalisé dès son arrivée à Alger. Nous tenons à votre disposition les éléments médicaux prouvant nos assertions», écrit ce comité qui revient sur le mouvement de grève des sans-papiers – dont beaucoup d’Algériens – à Lille. Le comité explique les raisons ayant poussé ces sans-papiers à s’engager dans cette forme extrême d’action. Il parle ainsi de «mépris», d’«humiliation», de «déni de droits» et de «la discrimination» des autorités préfectorales. «A aucun moment le consul et ses services ne se sont inquiétés de la situation ni se sont enquis de l’état de santé des grévistes. Aucune médiation n’a été tentée. Aucune entrevue n’a été possible avec des représentants de la communauté algérienne du Nord qui en ont fait la demande parce qu’ils étaient horrifiés de la situation et se sentaient abandonnés par ceux qui ont la charge de les représenter», dénonce ce comité qui s’interroge sur la «véritable» mission de ce consul : défendre les intérêts de ses ressortissants ou ceux de la préfecture et du ministre de l’Intérieur ? Le comité interpelle ainsi les personnalités à qui il a adressé cette lettre ouverte sur la dégradation de la situation des Algériens en France. Une situation faite, d’après ce comité, de racisme, d’assassinats et de brutalités policières. «Sous la pression de l’extrême droite sur l’ensemble du champ politique français, l’immigration en général – et l’immigration algérienne en particulier – est la cible d’attaques. En laissant faire, c’est la nation algérienne toute entière qui est insultée », ajoute le comité qui appelle le président de la République à prendre «d’urgence» des mesures garantissant à nos concitoyens en France le respect de leur dignité. Plusieurs autres associations ont exprimé leur solidarité avec les sans-papiers grévistes et interpellent les autorités françaises pour qu’elles règlent leur situation. Parmi elle, la Cimade (Service œcuménique d'entraide), le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) et la LDH. Il y a également la Fédération syndicale unitaire (FSU) qui demande au président Hollande de régulariser la situation des grévistes en rapatriant les deux Algériens expulsés le 30 décembre et en entamant une réflexion de fond sur les sans-papiers.
Sonia B.
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