Quatre magistrats observent une grève de la faim à In Salah
Du jamais vu ! Quatre magistrats exerçant au tribunal d’In Salah, dans la wilaya de Tamanrasset, observent depuis lundi une grève de la faim illimitée. Ces juges ne protestent pas pour des raisons salariales mais s’insurgent contre de fortes pressions et des injonctions qu’ils disent avoir reçues de la part du président de la Cour de Tamanrasset. Les quatre grévistes interpellent le ministre de la Justice, Mohamed Charfi. «Nous vous interpellons afin que vous mettiez en urgence un terme à ces agissements et que vous preniez en charge nos préoccupations qui ne trouvent pas de solution devant notre impuissance face à leurs dérives», écrivent-ils au ministre. Ces grévistes lancent un appel à l’ensemble des magistrats pour qu’ils se solidarisent avec eux afin que cesse ce calvaire. Ils affirment qu’ils travaillent sous une pression intenable du président de la cour de Tamanrasset. D’après eux, il les charge souvent de tâches qui ne sont pas les leurs et n’hésite pas à les sanctionner en cas de refus. C’est le cas, citent-ils dans leur lettre adressée au ministre, de cette magistrate qui, pour avoir refusé de rédiger elle-même un arrêt, a subi la colère du président de la cour. Se sentant humiliée, elle a entamé une grève de la faim à laquelle se sont joints trois autres juges par solidarité, mais aussi en guise de protestation contre les pratiques jugées excessives et contraires aux lois de la République. Ces juges interpellent également le syndicat des magistrats afin qu’il mette un terme à cette situation. Cette action de protestation est une première dans les annales de la justice algérienne. S’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour garantir l’indépendance totale des magistrats, ce geste prouve que les robes noires ne comptent plus se laisser faire.
Sonia B.
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