Un fondateur du FIS raconte comment il a fabriqué des terroristes
Dans l’interview qu’il a accordée au quotidien arabophone Echorouk, El-Hachemi Sahnouni, ancien fondateur du FIS dissous, reconnaît que parmi ses disciples, plusieurs sont allés, à l’époque, en Afghanistan et certains sont ensuite revenus pour rejoindre les groupes terroristes et ont été abattus par les forces de sécurité. Il cite les noms d’Abdel Nasser Khedhar qui enseignait les mathématiques, Tayeb Kerchouch, Redouane Gharbi et Khaled Sedjane. Il a appris que Khedhar Nasser a été tué dans l'explosion d'un obus en Afghanistan. Les trois autres, dit-il, sont revenus en Algérie. L’un, Tayeb Kerchouch a été tué dans la mutinerie de la prison de Berrouaghia alors que Redouane Gharbi et Khaled Sedjane ont été tués dans un affrontement avec les forces de sécurité. Il reconnaît que beaucoup de ses élèves qui étaient partis en Afghanistan étaient enclins à la violence et sensibles à la propagande sur le «djihad en Algérie». Ils étaient revenus au pays dans ce but. Il confirme que des oulémas saoudiens lançaient des fatwas selon lesquels le djihad en Afghanistan était une obligation. Selon Sahnouni, El-Albani était aussi de cet avis et quand un étudiant lui avait demandé s’il fallait qu’il consultât son père pour partir en Afghanistan, le prêcheur avait répondu qu’il n’en avait nullement besoin. Il précise qu’après la mort de Boumediene et l’avènement de Chadli, les salafistes avaient pu activer plus ouvertement en se servant librement des mosquées comme tribune. De retour d’Arabie Saoudite, les jeunes Algériens ramenaient des cassettes d’El-Albany et d’autres prédicateurs comme Abou Bakr Djaber El-Djazaïri, qui les ont beaucoup influencés. C’est ainsi que Sahnouni a commencé à pencher vers le salafisme, convaincu par les paroles d’El-Albany. C’est sur cette base aussi qu’il orientait ses élèves. Sans être membre d’El-Hidjra oua Ettekfir, il fréquentait les membres de cette secte dont beaucoup ont rejoint les groupes terroristes et ont été tués par les forces de sécurité. Il rappelle que ce groupe s’est rendu à Jijel en 1990 au moment de la campagne électorale du FIS. Il révèle que les membres d’El-Hidjra oua Ettekfir avaient volé 1 000 kg de TNT d’une carrière et avaient projeté de miner le stade du 5-Juillet pendant le meeting du FIS. Il y a eu un différend entre eux, dit-il, et Kamel El-Asmar a pris 500 kg de TNT et Nouredine Seddiki, qui était membre du FIS, les 500 kg restants. L’un a été tué en Afghanistan alors que le second a été arrêté, puis a fui et rejoint les groupes terroristes à Oued El-Alleug. La relation entre le FIS et les groupes islamistes armés n’a jamais été établie avec autant de clarté.
Karim Bouali
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