Dominique de Villepin : «Nous nous battrons à l’aveuglette au Mali»

En France, il n’y a finalement pas que des va-t’en guerre. Face au consensus de la classe politique sur la guerre au Mali, des voix s’élèvent pour dire ce que les autres ne veulent pas entendre. Parmi elles, celle de Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français, qui met en garde contre ce choix périlleux qui risque de provoquer l’afghanisation de la région. Dans une tribune publiée aujourd’hui dans le Journal du dimanche, l’ancien ministre soutient qu’«aucune des conditions de la réussite n’est réunie» au Mali, où la France intervient militairement depuis trois jours. «Nous nous battrons à l’aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’Aqmi sont autant de guerres différentes», fait-il remarquer, relevant au passage les difficultés d’un terrain aux conditions climatiques et géographiques les plus extrêmes.
La voie politique incontournable
De Villepin ne s’arrête pas là. Il poursuit en affirmant que la France va se battre «seule, faute de partenaire malien solide». « Eviction du président en mars et du Premier ministre en décembre, effondrement d’une armée malienne divisée, défaillance générale de l’Etat, sur qui nous appuierons-nous ?» se demande-t-il, avant de préciser encore que la France va se battre «dans le vide, faute d’appui régional solide». « La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest reste en arrière de la main et l’Algérie a marqué ses réticences», relève-t-il également pour donner la preuve que les conditions ne sont vraiment pas réunies pour mener à bien cette guerre. Pour lui, la voie politique reste l’unique issue à cette crise dans laquelle patauge le Mali depuis mars 2012. «Un processus politique est seul capable d’amener la paix au Mali», clame-t-il, appelant à ne pas abandonner cette voie. «Comment le virus néo-conservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ?» s’interroge-t-il non sans exprimer des inquiétudes. De Villepin dit haut et fort : «Non, la guerre ce n’est pas la France.» «Il est temps d’en finir avec une décennie de guerres perdues. Il y a dix ans, presque jour pour jour, nous étions réunis à l’ONU pour intensifier la lutte contre le terrorisme. Deux mois plus tard, commençait l’intervention en Irak. Je n’ai depuis jamais cessé de m’engager pour la résolution politique des crises et contre le cercle vicieux de la force», souligne cet ancien ministre qui a brillé en 2003 par son discours devant l’assemblée générale des Nations unies contre la guerre en Irak.
De l’Irak… au Mali
De Villepin appelle à plus de lucidité dans la gestion de cette crise. Il rappelle les guerres perdues de la France en Afghanistan, en Irak, en Libye. «Jamais ces guerres n’ont bâti un Etat solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les Etats faillis, la loi d’airain des milices armées.» Des guerres qui légitiment à ses yeux les terroristes les plus radicaux. Pour de Villepin, les guerres ne mènent jamais à la paix. Elles sont un engrenage. Il appelle ainsi la France à «inventer un nouveau modèle d’engagement, fondé sur les réalités de l’Histoire, sur les aspirations des peuples et le respect des identités. Telle est la responsabilité de la France devant l’Histoire». La crise malienne ne trouvera pas de solutions, affirme-t-il, sans un Etat malien reconstruit, une union nationale retrouvée, des pressions sur la junte militaire et la mise en place d’un processus démocratique. Pour lui, la France doit plutôt travailler à créer une dynamique régionale, «en mobilisant l’acteur central qu’est l’Algérie et la Cédéao en faveur d’un plan de stabilisation du Sahel». Aussi, il exprime la nécessité d’une solution raisonnable aux problèmes des Touareg en isolant les islamistes radicaux. De Villepin dit tout simplement à l’Etat français qu’il tape à côté et qu’il doit en urgence recadrer sa stratégie sur la base de la réalité de cette région pour éviter le pire. Ce qui se passe au Mali n’est, d’après lui, que la conséquence des guerres successives menées en Afghanistan, en Irak et en Libye.
Sonia B.
 

Comment (3)

    zara2sra
    14 janvier 2013 - 7 h 30 min

    Dite, pourrait on nous
    Dite, pourrait on nous confirmer que Mr de Vil Paim.. travaille bien pour le Quatar et qu’il y vit depuis 1 ou 2 ans ?
    Qu’il travaille pour les intérêt des émirats et quatar…
    et comme par hasard ce sont les mêmes qui fournissent les pick up 4×4 avec le logo sur la porte que l’on voie en lybie, syrie, mali…
    donc, là au mali, on utilise la technique de la tenaille et il faudrait faire attention de pas tirer sur des alliés de pillage et déjà penser à négocier les réserves de pétrol sinon ils nous promet des problèmes ailleurs ?
    est-ce bien cela qu’il vient de dire ?
    ‘ai comme un problème avec votre vulgarisation. pourrai-tons avoir une information plus complète ?

    slimane abid
    13 janvier 2013 - 13 h 45 min

    Le lobby militaire français
    Le lobby militaire français est très puissant. Un Hollande aussi mou ne pouvait selon toute vraisemblance lui dire non, surtout qu’il voulait par cette guerre montrer aux Français qu’il est à grand chef capable de gérer des situations difficiles. A chaque président français sa guerre. Celle de Hollande ne va pas différer de celle de Sarkozy en Libye. l’appel de De Villepin, en retrait de la politique depuis 2007, ne risque pas d’être entendu par une classe politique qui n’a pas hésité un instant à se prononcer pour cette guerre sans aucune réserve. on verra les conséquences

    Antar
    13 janvier 2013 - 13 h 14 min

    La guerre de la France au
    La guerre de la France au Mali vient de débuter officiellement.

    Comment se fait-il que lorsque des criminels coupent, au nom d’un certain islam, des mains et des pieds aux gens au Mali, les intérêts de l’Europe seraient en jeu ?…. Pourquoi des mausolées détruits et des coups de fouet administrés aux nègres qui ne sont « pas assez entrés dans l’histoire » au Mali constituent-ils une menace pour la sécurité de l’Europe ? Eh bien vous allez comprendre ce qui se joue au Mali, territoire où les États-Unis d’Amérique travaillent sur l’ouverture d’une base de lancement de drones après celles ouvertes en Ouganda, en Éthiopie et à Djibouti aux côtés des flottes aériennes de surveillance basées en Mauritanie, au Burkina Faso et au Soudan du Sud.

    Ayant refusé de nous organiser pour acquérir la capacité de lire les évènements et entre les lignes et ainsi savoir de quoi il est question et comment nous positionner, voici ce que dit Yves Le Drian, ministre français de la défense dans Libération : « Nous avons appelé l’attention de nos partenaires sur le fait que la sécurité de l’Europe est en jeu au Mali. Les Britanniques et les Allemands ont répondu présents. Nous avons alors mandaté Catherine Ashton pour qu’elle établisse un concept d’opération, dont nous discuterons le 19 novembre à vingt-sept. Au Mali, ce n’est pas la France qui va aider les Africains à mener cette opération, mais bien l’Europe…On ne peut pas laisser s’installer un sanctuaire terroriste majeur à nos portes. » Voilà qui est clair : LA SECURITE DE L’EUROPE EST EN JEU AU MALI. Ceci pour plusieurs raisons. Mais comme Jean-Yves Le Drian ne mentionne pas ces raisons, nous allons le faire à sa place :

    1- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que toute la région sahélo-saharienne est en reconfiguration. L’idée étant de morceler davantage l’espace pour mieux le contrôler et maîtriser ses ressources : En 2011, on a eu la naissance du Sud Soudan sous l’instigation du trio Israël, USA et Europe avec l’acceptation de la Chine qui a réussi à sauver sa part d’approvisionnement en pétrole en s’accrochant au Soudan de Béchir. En 2012, on est allé dans le même sens au Mali avec le squelettique Azawad. En toile de fond, l’or et bien d’autres ressources.

    2- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que pas loin de là l’Europe (l’Allemagne en tête) réalise actuellement un énorme projet d’installation de panneaux solaires géants appelé DESERTEC. Ce parc solaire fournira de l’électricité à l’Europe gratuitement. Donc, il faut faire en sorte que cet espace soit sécurisé.

    3- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que, des orpailleurs français appelés des chercheurs avaient découvert en début de cette année 2012, de gigantesques réserves d’eau dans le Sahara. La guerre de l’eau qui se déroule actuellement sous nos yeux dans le monde et qui va s’accentuer eu égard à la rareté vers laquelle on se dirige pousse l’Europe à parler de sa sécurité au Mali.

    4- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que la France qui n’a pas d’uranium sur son sol est quand même le premier exportateur de l’énergie nucléaire au monde. Pourquoi ? Tout simplement parce que la France dispose sur sa préfecture du NIGER des mines gigantesques d’uranium qu’elle exploite depuis 60 ans bientôt gratuitement. Une mine énorme est découverte à Imouraren au Niger. Ce qui a poussé AREVA à investir actuellement au moins 1,5 milliards d’euros en vue de racler proprement cette mine. Des centaines de français et d’européens affluent actuellement dans le coin où ils sont en train de construire une sorte de ville minière. Les prises d’otage et autres révoltes armées peuvent gêner un peu la chose. La Chine n’est pas loin non plus de là. Donc, l’Europe a ici aussi sa sécurité en jeu.

    5- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce qu’il faut que l’Europe démontre à ses ressortissants qui aiment le tourisme exotique que leur sécurité est et sera garantie un peu partout, notamment dans cette région.

    6- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce qu’après avoir armé et utilisé ces islamistes pour détruire la Libye, la France surtout espérait qu’avec ce « geste d’amitié », ces gars libéreraient ses ressortissants. Il n’en est rien. Les gars disent que ce ne sont pas eux qui détiennent les français, mieux qu’ils ne savent pas où ils sont exactement. Parfois, ils disent « on va vous aider à les libérer » puis, c’est Jacques où es-tu ? La patience a ses limites. Même si les otages risquent la mort, eh bien, mieux vaut une fin effroyable qu’un jeu de nerfs sans fin, surtout que l’Europe sait ce qu’elle gagne par rapport à la vie de 3 ou 5 otages.

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