Un expert militaire algérien décortique la guerre au Mali
«L’intervention française au Mali a lieu sur demande express des autorités maliennes et approuvée par la majorité de l’opinion mondiale et de l’ensemble des instances internationales. Or, les seules voix qui ne se sont pas exprimées jusque-là, ce sont celles apparentées à l’islamisme, que ce soit des pays ou des partis, alliés à cette mouvance pour les mêmes objectifs qu’ils soient d’ordre religieux ou – surtout – d’ordre politique», explique un expert militaire algérien à Algeriepatriotique. «Bien que les Français soient prêts à faire face à la menace des dissidents maliens, ils ont été tout de même surpris pour la soudaineté de l’attaque qui ciblait ce qui restait d’utile du Mali. Ils ont alors dû intervenir dans l’urgence pour stopper les colonnes qui étaient en mesure de s’emparer de Bamako, de menacer les 6 000 Français qui y résident, les ambassades étrangères et surtout les intérêts français dans la région de l’Afrique sahélienne», précise cet expert qui relève qu’à la faveur de ce coup d’arrêt réussi, tant les Français que les Maliens mettront à profit ce succès pour reprendre les villes du Nord (Kidal, Tombouctou et Gao) et éloigner définitivement le spectre de la division du Mali «mais pas la menace terroriste au Sahel». A chaud et au mieux, afin de limiter l’action terroriste, Français et Maliens entameraient des négociations avec les Touareg maliens tout en détruisant tout ou partie des terroristes d’Aqmi, du Mujao, d’Ansar Charia, voire d’Ansar Dine. «Ils le feraient soit au moyen de leurs forces aériennes d’attaque soit celles pouvant venir en renfort de pays de l’Otan. Le tout en coordination avec des moyens de reconnaissance aériens du type satellites, drones, Awacs ou autres», souligne notre source qui précise que les troupes africaines, elles, auraient pour mission d’occuper les villes du Nord une fois vidées de leurs terroristes bousculés ou anéantis par les coups de boutoir de l’aviation. Cette dernière, agissant sur un terrain désertique de nuit ou de jour, est à elle seule en mesure de libérer les villes du Nord. «De toutes les troupes africaines, seules celles du Tchad, équipées de la même manière que les terroristes, activant sur un terrain identique et habituées aux actions du type «rézou», (en arabe al-ghazw, qui signifie l’envahissement), peuvent en découdre. Notre source rappelle leur réussite face à l’armée de Kadhafi dans les années 1980. «Les troupes françaises en seraient également capables car elles disposent d’un commandement unique, elles sont mieux entraînées et mieux équipées pour de telles opérations». Et elles feront tout pour réussir afin d’effacer l’image négative héritée de l’intervention en Libye. La posture des terroristes pourrait être de deux sortes : soit réagir face aux actions franco-africaines au risque de se faire détruire, soit faire le «mort» et disparaître dans la nature pour réagir dans le temps et l’espace de leurs choix. «Dans tous les cas de figure, soutient cet expert, les résiduels continueraient à agir par des actions terroristes, enlèvements, embuscades et coups de main.» Pour lui, ces groupes ne pourraient être annihilés militairement que si l’on mettait – à long terme – des satellites et des drones tueurs à la disposition de la région. S’agissant de la conduite à tenir de l’Algérie dans cette situation, dans l’état actuel des choses et de par ses nombreuses frontières avec ses voisins, l’Algérie penserait probablement à leur sécurisation en déployant des moyens multiformes. «Elle devrait, logiquement, profiter au mieux à la récolte du renseignement.» «Une intervention militaire de l’Algérie avec des moyens terrestres et aériens ne peut s’envisager que contre des terroristes, c'est-à-dire une fois que les négociations réussiraient avec les différents protagonistes et que seuls les groupes armés continueraient à menacer la sécurité dans l’ensemble de la région. Autrement dit, une fois que les revendications politiques seraient nettement séparées des velléités terroristes.»
M. Aït Amara
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