Attaque d’In Amenas : les contradictions du ministre de l’Intérieur
Au soir du premier jour de la prise d’otages du site gazier de Tiguentourine, le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, avait parlé de «terroristes locaux» qui se déplaçaient à bord de «véhicules de tourisme». Le communiqué de l’Intérieur diffusé ce soir indique tout le contraire. A l’opposé, donc, de ce qui avait été annoncé dans un climat de confusion totale et en plein cafouillage médiatique, les terroristes ont bel et bien traversé la frontière et le groupe d’assaillants comptait effectivement une majorité de terroristes étrangers de différentes nationalités. Il est à se demander, dès lors, si la réussite des forces spéciales n’a pas quelque peu occulté une défaillance au niveau de la surveillance de la bande frontalière, au moment même où le ministre de l’Intérieur assurait, sûr de lui, que nos frontières étaient complètement sécurisées et qu’il n’y avait aucune possibilité pour les groupes armés de fouler le sol algérien. Quelques jours à peine après avoir tenu ces propos, plus de trente terroristes ont non seulement réussi à traverser la frontière algérienne mais ont, surtout, pu rouler sur une distance de plusieurs centaines de kilomètres jusqu’au site pétrolier stratégique de Tiguentourine et se sont même payés le luxe de s’y introduire et séquestrer des travailleurs pour en faire des boucliers humains. Que s’est-il passé ? C’est à cette question que l’enquête qui sera diligentée par les services de sécurité devra répondre.
Les leçons d'une attaque d'envergure
D’un autre côté, l’affaire d’In Amenas, qui n’a pas encore révélé tous ses secrets, a au moins trois mérites. Le premier concerne les forces spéciales elles-mêmes qui ont démontré, par leur extrême efficacité, qu’elles méritaient amplement leur réputation d’unités redoutables et de corps d’élite qui compte parmi les meilleurs au monde. Le deuxième a trait à la lutte antiterroriste qui n’a pas faibli malgré une nette amélioration de la situation sécuritaire dans le pays. Le troisième est relatif au repositionnement des capitales occidentales qui ont acquis la conviction que l’Algérie était le fer de lance dans la guerre contre le terrorisme transnational. L’attaque d’In Amenas servira non seulement de leçon aux pays de la région qui pourraient ne pas être en mesure de réagir comme l’a fait l’Algérie pour étouffer dans l’œuf une tentative de déstabilisation d'une telle envergure, mais aussi à certaines capitales occidentales qui continuent d’encourager les soulèvements dans les pays arabes, au risque d’adouber les islamistes radicaux, comme c’est le cas actuellement en Syrie, où la France s’acharne à faire tomber le régime sans en mesurer les graves conséquences.
M. Aït Amara
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