Menace terroriste : l’Algérie doit revoir son dispositif de riposte
Ce qui se passe au Mali ne doit pas nous détourner de l’essentiel. Il s’agit avant tout de défendre l’Algérie. Ce qui vient de se passer à In Amenas vient encore une fois nous le rappeler surtout suite aux différents changements sociaux et politiques survenus dans la région, créant un milieu hostile autour de notre pays. Soutenir que cette attaque de la plateforme est liée au survol de notre territoire par des avions français ne tient pas la route ou, au mieux, c'est une hypothèse très peu probable, révèlent des informations parvenues à Algériepatriotique. L’opération de Tiguentourine s’étant achevée par l’élimination des terroristes étrangers infiltrés dans notre pays après avoir longé les frontières de pas moins de trois pays, l’Algérie devra maintenant penser à prévenir de nouvelles attaques du genre. Comment compte-telle s’y prendre ? «Plusieurs paramètres devront être pris en considération par les responsables politiques et militaires», explique-t-on avant d’énumérer les mesures que l’Etat devrait envisager à très court terme pour sauvegarder l’intégrité du territoire algérien et éviter une expansion du terrorisme islamiste dans toute la région. «Pourquoi une opération d’une telle envergure a-t-elle eu lieu maintenant, si ce n’est en relation avec l’autre opération – plus importante – qu’est l’engagement au Mali ?», s’interroge-t-on, et «l’hypothèse la plus probable est que l’action des terroristes à Tiguentourine est liée à l’engagement de la France au Mali, non que nous ayons autorisé le survol de notre territoire aux avions français tel que cela a été affirmé par un ministre français, mais parce que les terroristes avaient planifié de marcher sur Bamako». Cela s’appelle dans le jargon militaire «disposer d’un gage». Ainsi, la planification de la prise d’otages d’In Amenas coïncidait, en fait, avec la décision des terroristes activant au Mali d’envahir le Sud. «Cette action, étant planifiée depuis deux mois, donc avant l’intervention militaire française au Mali, elle visait au départ à dissuader les Français de s’engager au Mali et amener l’Algérie à rester sur la défensive.»
Pourquoi des terroristes de différentes nationalités ?
S’agissant du choix des commanditaires de l’attaque d’In Amenas d’envoyer au casse-pipe des terroristes de différentes nationalités, ce fait serait lié à «la gesticulation de certains pays dits du "printemps arabe" et de certains groupes apparentés aux régimes alentours» qui encouragent les groupes islamistes armés à multiplier leurs actions en profitant de l’instabilité et de la faiblesse des nouveaux gouvernements qui ont succédé aux anciennes dictatures. A ce sujet, les analyses géostratégiques s’accordent à dire que ce qui est qualifié de «printemps arabe» n’a été ni plus ni moins qu’un «accélérateur de terrorisme». A la question de savoir quels pourraient être les concepteurs de telles opérations, des observateurs avertis répondent que plusieurs cercles pourraient être derrière l’attaque d’In Amenas, à commencer par «les revanchards de 1991», c’est-à-dire les anciens chefs islamistes qui n’ont pu accéder au pouvoir par la violence en Algérie, freinés dans leur velléité d’instaurer un régime théocratique par l’armée suite à un appel de la société civile. Sans exclure que des officines de pays étrangers hostiles à l’Algérie puissent être dans le coup aussi.
Les menaces sur l’Algérie
Les menaces sur notre pays sont multiples, au premier rang desquelles on cite l’environnement d’insécurité créé par les bouleversements dans les pays voisins. «Nos larges frontières sont susceptibles de contournements du fait de leur porosité», alerte-t-on en prenant l’exemple de l’approche des terroristes de la base d’In Amenas d’une manière dissimulée : «Les frontières, dans ce cas, constituent un handicap pour l’Algérie plutôt qu’une protection.» L'adversaire probable peut être extérieur du fait du chaos qui règne dans les pays dits du «printemps arabe», ou intérieur, c’est-à-dire la déferlante terroriste que l’Algérie affronte depuis le milieu des années 1980 et qui est montée crescendo durant la décennie 1990. «Aussi, le dispositif de riposte de l’Algérie devra être repensé totalement, en y joignant des moyens à mêmes de contrôler les mouvements des groupes terroristes au-delà de nos frontières.» Sans cela, «il ne pourrait y avoir de sécurité nationale ou de souveraineté» et «les arguments tendant à dire le contraire ne sont pas crédibles. Nous devons coopérer d’égal à égal et sans complexe avec tous ceux qui peuvent apporter un plus à notre sécurité. La ligne rouge à ne pas dépasser étant de ne jamais envoyer nos forces en dehors de notre sanctuaire».
M. Aït Amara
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